L'économiste Marc Touati planche à Lille sur les solutions anti-crise
C'est dans le cadre du très select Club Siparex que Marc Touati, dirigeant du cabinet ACDEFI, a présenté hier soir à la Cité des Échanges sa vision de la crise européenne et des voies pour en sortir, développées dans son nouveau livre « le dictionnaire terrifiant de la dette »..
« J'ai une bonne nouvelle, la crise est terminée », lance-t-il en guise de mise en bouche. De fait, depuis 2009-2010, la croissance mondiale s'affiche entre 3,5 et 5% l'an. Mais pas en Europe bien sûr : « Dès que l'euro repart à la hausse, ça plombe la croissance », relève-t-il. Reconnaissant que la Banque Centrale Européenne a réussi à sauver l'euro, il s'alarme néanmoins de la courbe de PIB en « w » (« double deep » en anglais), soit la succession rapprochée de deux récessions, particulièrement marquée dans plusieurs pays: Portugal, Italie, Espagne. « C'est très dangereux. Ce n'est plus une crise économique, c'est une crise sociale, qui peut devenir crise sociétale », observe l'économiste, au vu des taux de chômage désastreux : 26% en Espagne, 18% au Portugal, et un taux hallucinant chez les moins de 25 ans (57%), et très mauvais en France (27%). « Les emplois jeunes, ça fait 30 ans qu'on fait la même chose, on sait très bien que ça ne marche pas », dénonce-t-il.
La solution pour lui n'est pas la rigueur, « qui permet de mourir guéri ». « Si vous avez un chômage à 30%, à quoi ça sert ? Il faut assainir les dépenses publiques mais pas augmenter les impôts car c'est aggraver la récession ».
Une dette à 100% du PIB dans un an
Alors que faire ? Mieux tirer profit de la croissance mondiale « qui reste sympathique », entre 3,4 et 3,7%, s'appuyer sur les nouveaux gisements de rebond : les nouvelles technologies de l'énergie (NTE) et de l'alimentaire (NTA). « Vous mettez un peu de nanotechnologie et vous sortez de la crise, vous avez 10 ans de croissance », lance Marc Touati.
Mais à court terme, avec une croissance en recul de 1,5% envisageable pour 2013, « année de tous les dangers » en France, les perspectives ne sont pas brillantes. « Il reste une seule arme, la politique monétaire. La BCE doit baisser les taux et l'euro doit baisser à un niveau d'1,15 pour un dollar. Ce n'est pas un euro fort, c'est un euro normal! » Marc Touati tire la sonnette d'alarme car le niveau de dette atteint des seuils critiques. Il préconise une baisse des impôts, comme la CSG, taxe « temporaire » décidée par Michel Rocard en 1991, assortie d'une baisse des dépenses publiques. « Mais les dépenses de fonctionnement en 2012 ont encore augmenté de 9,4 milliards d'euros, c'est inadmissible », tonne l'économiste qui juge que le virage à 180°dans la dépense publique doit intervenir d'ici à l'automne. "Après, il sera trop tard".
Au niveau de nos entreprises, qu'il juge extrêmement compétitives (car capables de soutenir un niveau de charges considérable), il plaide trois axes de stratégies anti-crise : cultiver des politiques de niche, d'innovation et de R & D, mais aussi le développement international en choisissant les bonnes destinations. Il faut aussi selon lui associer davantage les salariés, « l'intraprenariat », afin de quitter la lutte des classes pour une démarche de cohésion, et pour développer la culture économique. « Comme on ne le fait pas à l'école et dans les médias, il faut le faire dans l'entreprise ».
Olivier Ducuing
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