Lille-Lesquin tient bon le manche de la croissance

Téléphone à l'oreille, Jean-Christophe Minot surveille les mouvements du nuage de cendre islandais. Installé dans le salon du restaurant de l'aéroport, on domine les pistes et les passagers en partance pour Venise. L'activité bat son plein. " Climat, volcans, crises... Tous les mois, ce qu'on a dit le mois précédent peut être remis en cause ", prévient le Pdg*.
N'empêche. Avec près de 1,2 million de passagers accueillis en 2010, Lille-Lesquin dépasse depuis quatre ans le seuil de rentabilité du million. En progression constante dans un contexte de crises et de réorganisation du transport aérien, il se classe " 9-10e " des aéroports français. Mais Jean-Christophe Minot signale : " Toulouse réalise 3 millions de passagers sur sa liaison avec Paris ; chez nous c'est un marché pour le TGV... " Le Pdg ne dira pas qu'il se dirige vers le million et demi, préférant parler des 70 à 75 vols A/R par jour en haute saison, pour une capacité de 120-130. La marge de progression existe.

30 M€ de rénovation

" Nos clients veulent partir et servir mieux. Nous pouvons aujourd'hui traiter les passagers – les clients de nos clients – de manière optimale. " Le renouvellement en mai des trois passerelles pour 1 M€ y aide largement. Elles augmentent de moitié la capacité d'embarquement-débarquement, et donc le confort, et permettent désormais l'accueil de gros porteurs.
C'est une des phases d'un programme décennal de 30 M€ de rénovation. Démarré en 2009, il a vu l'an dernier la reconfiguration de l'aérogare et de ses services pour plus de 2 M€. Il se poursuivra avec la réfection des aires de stationnement des avions.
Côté trafic, la logique de l'aéroport est de " rendre service au territoire ". Soit proposer des destinations nationales – huit lignes directes (plus la Corse en saison) – pour le tourisme ou les affaires ; du trafic dit communautaire, vers Casablanca, Alger ou Porto ; des vols vacances qui concernent " l'Eurodistrict " ; et favoriser les flux entrants, un des grands développements attendus avec les aimants du Louvre-Lens et du Grand Stade.

Au chapitre des développements, un signal encourageant : Lille a accueilli en mars dernier la 8e édition de French Connect. Jean-Christophe Minot parle de " retours très positifs " sur ces échanges d'affaires qui ont attiré 37 compagnies, 56 aéroports et les professionnels du tourisme. Ils ont permis aux " 80% qui ne connaissaient pas bien Lille " de constater " un grand potentiel économique, géographique et de marchés ". Des contrats sont en négociation, mais motus. On ne parlera que des attentes identifiées, vers Barcelone, Madrid, Milan, Varsovie ou le Nord de l'Angleterre.
Côté tour-opérateurs, la quasi-totalité des grandes marques sont là, avec 25 destinations autour du bassin méditerranéen. 2011 a scellé de nouveaux partenariats sur le tarmac nordiste : Marmara et XL Airways, Thomas Cook et Transavia. Parmi les projets avouables : Malte à l'été 2012 et deux vols ponctuels vers le Cap Vert en janvier et février. La basse saison mobilise les efforts : " on espère plus de vols charter l'hiver ". Car Lille-Lesquin est surtout un aéroport de tourisme, où le trafic affaires ne pèse qu'un tiers. Avec des niches comme un Lille-Brest en bimoteur proposé par Chalair deux fois par jour, pour une dizaine de passagers par vol. De quoi entretenir le service aux territoires.

* La Région et LMCU, réunis dans le syndicat mixte Smalim, ont reçu de l'Etat en 2007 la propriété de l'aéroport. Lors du renouvellement de DSP en 2009, la SAS Sogarel, associant CCI Grand Lille (61%), Veolia Transport (34%) et Sanef (5%), a obtenu la concession pour 10 ans. Jean-Christophe Minot, président de l'aéroport depuis 2006 pour la CCI, en est le Pdg, à la tête de 1 200 salariés.