Logistique : Ciuch passe la surmultipliée

Tourcoing. Le groupe spécialisé en mécanisation des flux logistiques vient de signer un partenariat avec la pépite régionale Exotec et s'apprête à lancer une nouvelle gamme très prometteuse. De quoi mettre beaucoup de vent dans les voiles.

 

La logistique est au cœur de tous les enjeux de mutation de la distribution, des modes d'achat du consommateur, avec un appel d'air énorme du e-commerce renforcé pendant la crise sanitaire. Une tendance qui fait les affaires de Ciuch. Le spécialiste de la mécanisation des flux logistiques connaît un essor important qui l'a porté de 13 M€ d'activité en 2017 à plus de 21 M€ l'an dernier. Cette année, l'en- treprise de Francis Ciuch achèvera l'exercice à 29 M€ et le dirigeant pro- jette une perspective de moyen terme prudente à 50 M€. « Nos clients investissent massivement », souligne-t- il, évoquant une croissance de 15% du secteur de la logistique. La société vient de signer un partenariat de deux ans avec Exotec, spécialiste des robots logistiques, qui connaît elle-même un envol spectaculaire. Au point d'être pressentie au rang de future licorne industrielle. Ciuch fournira les modules « order mover », correspondant au poste de ventilation des produits. L'entreprise, qui ne communique pas sur le volume d'affaires que représentera cet accord, compte sur la sous-traitance pour pouvoir assumer la montée en puissance sur cette activité. Mais elle table sur un autre relais de croissance puissant.

4 brevets

La société achève en effet la mise au point d'une gamme complète de modules logistiques intelligents, baptisée Ingini. Différentes machines bardées de capteurs sont mises à rude épreuve dans une salle de R & D de l'usine de Tourcoing, tel ce redresseur de colis. La gamme sera formellement lancée en mars. Une mise aux normes américaines UL est également en projet afin de pouvoir traverser l'Atlantique. « C'est du pur plug and play, en industrie 4.0. et nous assurons le pilotage de la ligne nous-mêmes avec une nouvelle carte universelle », décrypte Sylvain Bèle, directeur opérationnel. La société, dépositaire de deux brevets, devrait en déposer deux autres en lien avec ce projet. La logique est celle de la standardisation et de la data. De quoi faciliter la gestion de l'équipement grâce à la maintenance prédictive. L'impact attendu est donc un très gros gain de temps, pratiquement de 50% à chaque étape, y compris sur le temps d'installation. Un avantage stratégique car la vitesse de réalisation est désormais la première demande. « Auparavant pour un projet moyen d'un peu plus d'1 M€, il fallait 12 à 18 mois pour le sortir. aujourd'hui on doit le sortir entre 6 et 12 mois ! » L'entreprise compte aussi accroître ses stocks pour avoir une capacité de réponse plus rapide, quitte à voir les besoins en fonds de roulement croître aussi. Coup de chance, Ciuch a saisi l'opportunité des PGE pour lever 3,5 M€.

Francis Ciuch envisage en outre une évolution forte de son modèle économique autour de l'économie de l'usage : plutôt que de vendre des lignes logistiques, l'idée serait de les louer au colis, un peu à la façon dont Michelin loue ses pneus au kilomètre. Au fil du temps, le client peut ainsi intégrer les dernières innovations. « C'est un nouveau modèle économique à éprouver », reconnaît le dirigeant, qui envisage par ailleurs de passer le témoin en douceur. Une ouverture du capital pourrait intervenir rapidement avec l'objectif d'assurer la pérennité de l'entreprise et de l'emploi.