Numéro#154

Publié le 01/10/2025

L'édito

Signaux forts, signaux faibles

Il y a l’agitation médiatique, les mouvements de protestation et de colère, le nouveau péril de la dette, les fausses réponses avec le délire de la taxe Zucman et le théâtre de la géopolitique. Cette écume des jours ne s’accompagne hélas guère de solutions, pour autant qu’on puisse en juger : paix au Proche-Orient, réforme de l’Etat, stabilisations politique, sociale et financière semblent autant de lignes d’horizons qui s’éloignent sans fin.

Derrière ces signaux très forts qui attirent toute l’attention du monde politico-médiatique, d’autres plus discrets sont pourtant autrement signifiants. L’accord annoncé entre Pimkie et Shein est de ceux-là. On tombe à la renverse devant cette porte de bergerie ouverte délibérément au loup asiatique de la fast fashion, comme si aucune leçon du passé jamais ne nous prémunissait de nos erreurs. Autre clignotant ô combien important pour ses conséquences sur l’industrie automobile: la commission européenne s’apprête à réexaminer à très court terme l’échéance de 2035 sur l’interdiction des moteurs thermiques. Car, comme c’était prévisible dès le vote du parlement européen, les délais imposés s’avèrent intenables et laissent la voie grande ouverte aux constructeurs chinois. Pour la première région automobile française, les enjeux sont considérables.

Troisième actualité très récente et lourde de sens : l’abandon par ArcelorMittal de son projet d’usine de chaux en joint venture à Loon Plage, pour fabriquer cette matière essentielle à la purification de l’acier, en visant le zéro émission. Comme si les objectifs fixés par l’Europe pour se décarboner devenaient hors de portée financière ou technologique pour notre industrie dans l’implacable compétition mondiale. Il y a un an, c’est un autre projet dunkerquois qui était également mis en suspens, Eramet gelant son projet d’usine de recyclage de batteries « dans l’attente d’un modèle économique solide et pérenne en Europe ».

Certes, le volume d’investissements qui doivent déferler sur la région (vallée de la batterie, EPR, canal Seine Nord, data centers...) demeure considérable et devrait nous mettre à l’abri d’un grand coup de froid. Mais on aurait tort, sans doute, de ne regarder qu’un coin de l’écran et non pas toute l’image.

Retrouvez tous nos numéros :