Dans les coulisses du Parc Astérix

Chaque­ mois, ­votre magazine­ vous­ propose d'aller ­à ­la ­découverte ­d'un fleuron­ de­ l'économie régionale.­ Ce mois-ci ­: ­direction ­le­ sud pour­ lever­ le ­voile­ sur ­les coulisses­ du Parc ­Astérix. Depuis ­trente­ ans, l'irréductible petit ­Gaulois tient­ tête ­aux­ géants ­du secteur. Il ­est ­devenu ­une véritable­ locomotive économique ­pour­ l'Oise.

Trente ans ça se fête par Toutatis ! Surtout lorsque ses créateurs s'appellent Uderzo, Goscinny, aidés de Pierre Tchernia ou encore Marcel Gotlib... Ce sont eux, qui, en 1981, ont l'idée de créer un parc d'attractions 100% français, basé sur les aventures du celèbre petit Gaulois et de ses compagnons. Une fois les financements réunis, en 1987, les travaux sont lancés moyennant 120 M€ d'investissement. Deux ans plus tard, le parc est inauguré. Depuis, il a accueilli pas moins de 50 millions de visiteurs. Racheté en 2002 par la Compagnie des Alpes, il est devenu le symbole de la "french touch" dans l'industrie des loisirs, en se hissant à la seconde place des parcs d'attractions français.

Le Parc Astérix en bref

2,174 millions de visiteurs en 2018

2e parc d'attractions de France

108 M€ de CA, + 17% par rapport à 2017

184 jours d'ouverture en 2019

245 salariés permanents, 1000 saisonniers

34 hectares de surface

Textes : Guillaume Roussance

Photos : Teddy Henin

 

Le Parc Astérix est une machinerie colossale. Pour accueillir les 2,174 millions qui ont franchi ses barrières l'année dernière, 1 000 saisonniers sont recrutés chaque année, en plus des 245 permanents. Une mécanique bien huilée est nécessaire pour recruter, former, habiller, manager... l'ensemble de ces collaborateurs. Point central de cette organisation : les vestiaires où plus d'un millier de tenues sont échangées chaque jour.

 

L'une des clés de la réussite du parc réside, depuis le départ, sur le binôme attractions / spectacles. En fonction de la saison, une équipe de 3 à 10 costumiers et de couturiers, intermittents du spectacle, fabriquent sur place les costumes en trois ou quatre exemplaires. Certains, comme ceux du spectacle Panoramix, peuvent demander jusqu'à 10 jours de travail. Ce service est de plus en plus sollicité, le parc misant sur de nouveaux temps forts, comme Halloweeen par exemple, pour attirer du public tout au long de l'année. Un défilé parade mettant en scène les personnages d'Uderzo et Goscinny doit prochainement voir le jour.

Au total, le parc Astérix compte 30 points de restauration, dont 6 restaurants, quatre sandwicheries et 20 kiosques. Côté hébergement, un troisième hôtel, baptisé les Quais de Lutèce, va venir compléter avec ses 150 chambres, l'offre hotelière existante. L'architecture de ce nouveau lieu a été validée par Albert Uderzo lui-même.

Pour les saisonniers, si aucune compétence spécifique n'est exigée, le dynamisme et le sens du contact avec les visiteurs sont en revanche obligatoires. Le parc regroupe plus d'une cinquantaine de métiers, de l'agent d'accueil au technicien, en passant par la sécurité ou les métiers de la vente. Les formations sont assurées en interne, notamment pour le pilotage des manèges, où les aspects liés à la sécurité sont essentiels.

  

 

 

 

 

 

 

Le parc a investi régulièrement pour proposer des nouveautés. A lui seul, le spectacle 4D "Attention Menhirs" a représenté un investissement de 6,5 M€. Une vingtaine d'entreprises sont intervenues pour la réalisation de ce film, projeté sur un écran de 12 mètres de long et de 6 mètres de hauteur.

 

 

Parmi les métiers spécifiques au Parc, certains sont stratégiques. En particulier celui des animateurs, une dizaine au total, chargés d'animer les rues du site, mais aussi d'essayer de contrôler les flux de visiteurs, en les invitant à se rendre aux spectacles par exemple. Certains jours, comme le week-end de Pâques 2019, battent des records d'affluence avec 24 000 visiteurs !

 

 

 

 

 

 

 

Les équipes de maintenance sont mobilisées quasiment 24h/24 pour assurer le bon fonctionnement et la sécurité des attractions.

 

 

 

 

 

Interview de Sébastien Retailleau, directeur général adjoint du Parc Astérix

« Le Parc Astérix est devenu un véritable resort »

Le Parc Astérix fête ses trente ans sur une forte progression depuis quelques années. Comment l’expliquez-vous ?

A l'origine, le parc avait un double ADN : spectacles et attractions. Au fil du temps, le second aspect a pris le dessus, avec des attractions à sensations fortes, donc orientées vers un public assez jeune. En 2014, notre maison-mère, La Compagnie des Alpes, a souhaité prendre un virage en s'adressant aux familles. Cette volonté s'est traduite, par exemple, par la création de la Forêt, un véritable parc dans le parc, regroupant une dizaine d'activités tournées vers les plus jeunes. Cette initiative a fait décoller la clientèle familiale devenue, en 2016, majoritaire. Elle représente désormais 65% de nos visiteurs, contre 45% pour les jeunes adultes.

Cette stratégie a t-elle permis d'augmenter le volume de visiteurs ?

Tout à fait. Au cours des quatre dernières années, nous avons gagné 400 000 visiteurs par an. Cette année, nous attendons 2, 250 millions personnes, contre 1,8 million en 2015. Depuis quatre ans, nous présentons une nouveauté forte chaque année, tant au niveau des spectacles que des attractions. En parallèle, le parc est devenu un véritable resort. Nous possédions un hôtel de 100 chambres, auquel nous en avons ajouté un second de 50 chambres, puis un troisième de 150 chambres avec la Cité Suspendue en 2018. Un quatrième de 150 chambres va sortir de terre en 2020. Chacun de ces sites, de très bonne qualité, augmente la fréquentation de 60 000 à 70 000 visiteurs par an. Le rayonnement du parc Astérix est essentiellement régional.

Avez-vous la réserve de clientèle suffisante pour remplir vos objectifs ?

Notre objectif est d'accroître la zone de chalandise du parc, dont la dimension était en effet essentiellement régionale, 80% des visiteurs habitant à moins d'1h30 du site. Notre but est clairement de monter en puissance au niveau de la clientèle française et demain, étrangère. Je pense aux Allemands, très férus de parcs d'attractions, mais aussi grands lecteurs d'Astérix. Stratégiquement, le Parc est extrêmement bien placé pour se développer, au coeur du second massif forestier français, mais à quelques kilomètres seulement de Roissy et de la capitale.

Quelle stratégie allez-vous développer face aux concurrents du secteur, bien positionnés sur leur spécialité, comme le Puy du Fou sur les spectacles ou le Futuroscope sur l'édutainment ?

Le Parc Astérix souhaite revenir aux sources dans un univers fortement thématisé en permettant à nos visiteurs de se rapprocher encore plus de l'univers de la BD. Bous devons proposer un monde parlant à tous les âges. Et ce en continuant à travailler sur des attractions fortes – nos prochaines nouveautés recèleront des innovations uniques dans le monde – ainsi que sur un programme de spectacles diversifié et intéressant. Nous ne devons pas oublier les interstices, les espaces entre les attractions ou les restaurants, pour proposer une ambiance toujours plus forte. Nous allons par exemple créer un défilé des personnages, qui se transformera à termes en parade. Il faut que le fil de la journée du visiteur ne se distende jamais.

Comment votre stratégie se traduit-elle sur le plan de l'emploi ?

Aujourd'hui, notre niveau d'emplois est de 860 équivalents temps plein, soit une centaine de plus en trois ans. Cette croissance est liée à l'augmentation de la durée d'ouverture du parc durant l'année. Nos hôtels nourrissent un objectif : ouvrir le parc, soit grâce au programme du parc Astérix, mais aussi grâce à la montée en puissance des conventions de séminaire. C'est pourquoi nous avons aménagé un centre de séminaire dans notre dernier hôtel et que de nouvelles salles seront aménagées dans notre prochain hôtel. Localement, recruter n'est pas aisé. D'une part à cause de l'accessibilité du site - venir travailler chez nous exige d'être motorisé - mais aussi parce que la situation de l'emploi est assez tendue, du fait de la proximité de Roissy, comme de géants du e-commerce. Quoi qu'il en soit nous continuerons d'embaucher davantage à l'avenir pour soutenir la progression de notre activité.

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