Rabot Dutilleul met le cap sur le milliard d'euros

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" Avec mes deux beaux-frères Jean-Pierre Sternheim et Jean-François Craye, nous avons réalisé à partir de 1984 ce que mon père avait en rêve lors de son départ de l'entreprise à 66 ans." Installé depuis 2008 à Euralille, quartier qu'il a en bonne partie construit, Jean-François Dutilleul, président de la holding éponyme, évoque avec fierté le chemin parcouru par son groupe en 90 ans.

Rabot Dutilleul a accompagné les mutations de la société. De la diversification du textile dans la distribution, avec la construction des premiers Auchan, au développement de la VAD avec les entrepôts de la Martinoire à Wattrelos, en passant par la construction de collèges et lycées, de centres hospitaliers, de programmes d'habitation, de sièges sociaux...
L'entreprise générale de gros oeuvre spécialisée en béton armé est devenue multi métiers au fil des ans, conjuguant promotion (28 % du CA), construction (64 %) et maintenance. "Après un léger trou d'air en 2008, cette diversité nous a permis de traverser la crise. Fin 2009, l'activité est repartie de plus belle, notamment en logements", indique le président. Globalement, le groupe a doublé en quatre ans, de 309 M€ en 2005 à 647 M€ en 2009.

Le tournant Sedaf

L'acquisition de Sedaf en 2007 a permis au groupe de créer ses propres produits, en amont du marché. Pour acheter la perle des immobilières - le label de qualité du trèfle Sedaf dépasse de loin les frontières régionales-, Rabot Dutilleul s'est associé au Crédit Agricole Nord de France devenu actionnaire à hauteur de 30 % de la nouvelle entité de promotion du groupe, Nacarat, née en 2009 de la fusion de Palm Promotion, de Cofracib Nord et Bâti Conseil Immobilier, acquise en 2003.

"Nous avons trouvé dans le Crédit Agricole un associé minoritaire loyal, efficace, puissant, professionnel et riche." Trois ans après cette association, Jean-François Dutilleul ne la regrette en rien. "Membre du comité d'engagement, nous accompagnons Nacarat dans son métier de promoteur et dans ses fortes ambitions de croissance", souligne Alain Diéval, directeur général de la première banque de la région, que cette participation a confortée dans l'immobilier, après les acquisitions d'Arcadim et d'Imm-Nord.

Son soutien financier a contribué à l'essor de Nacarat, surtout en temps de crise. " Nous n'avons stoppé aucun programme en 2008 . Nous avons même accéléré notre politique de maillage du territoire national", soutient Philippe Lalain, directeur général adjoint de Nacarat, qui annonce de nouvelles agences à Bordeaux et dans le Sud-Est. "Le tertiaire ayant souffert, 70 % de nos ventes ont été réalisées en 2010 par le logement, porté par la loi Scellier. Nous faisons le pari de la reprise". Témoin, cette première pierre du programme tertiaire Alhena au pied de la gare de Tourcoing posée le 30 novembre - 6900 m² en partenariat avec la SAEM Ville Renouvelée. Nacarat vient de remporter le premier concours sur la ZAC de l'Union pour un programme mixte de 120 logements, 3 500 m² de bureaux et 1000 m² de commerces, qui devrait générer un CA de 30 M€. Le Nord représente d'ailleurs encore près d'un tiers de l'activité de Nacarat.


Rabot Dutilleul en chiffres

Chiffre d'affaires 2009 : 647 M€,

prévisions 2010 : 700 M€
64 % en construction,
28 % en promotion

24 % du CA est réalisé en Belgique

Résultat net 2009 : 5,8 M€

Effectif : 1800 personnes

Cap vers l'international

Rabot Dutilleul a toujours conclu quelques affaires à l'étranger, au gré des opportunités. En Algérie, dans les années 80 , après la " coopé " effectuée sur place par Jean-François, alors jeune ingénieur HEI. Ou au Liban, en 1997 pour la réalisation de chantiers avec un partenaire local. Mais l'aventure internationale ne commence véritablement qu'à la fin des années 90, lorsque la société accompagne l'équipementier Bertrand Faure en Pologne et en République Tchèque (Faurecia) pour construire ses usines. Ce sera la création en 1997 de RD Bud à Varsovie (6% des effectifs du groupe en 2010) et de RD Ceska Republika, filiale du contractant général Gerim qui réalise des projets clés en main. "Précurseur en 1975 du métier de contractant, nous fournissons en France et en République Tchèque une prestation complète aux industriels", décrypte le responsable commercial Nord et grands comptes, Gilles Salmon. Construction de centres commerciaux, de logements, d'hôtels... La Pologne rattrape son retard. "Rabot Dutilleul affiche dans ce pays une progression de 10 % en 2010. Nacarat va y ouvrir une agence afin de profiter de ce potentiel", révèle Jean-François Dutilleul.

En 2008, nouvelle étape majeure avec l'acquisition du groupe familial belge Louis de Waele. Rien moins que le leader de la construction à Bruxelles – il a bâti entre autres le Parlement européen-, et sa filiale de rénovation et d'aménagement intérieur haut de gamme Simonis. En 2009, la Belgique a représenté 24 % du CA et 19 % des effectifs du groupe. Son expérience en promotion servira lors de l'implantation programmée de Nacarat à Bruxelles en 2011.

Presque un tiers des ventes à l'étranger aujourd'hui, combien demain ? Comme les trois majors du BTP français -Vinci, Bouygues et Eiffage-, ses modèles, Jean-François Dutilleul mène une stratégie volontariste hors des frontières pour équilibrer ses activité. Un choix qui le différencie de Ramery, l'autre indépendant régional qui a, lui aussi, connu une croissance exponentielle entre 2001 et 2009, passant de 113 à 437 M€ de CA.

Une maintenance durable

"Le client nous demande un coût global qui, au delà du coût de la construction, intègre celui de l'exploitation des équipements techniques ". Jean-Pierre Nacry, président de Sitex et directeur du développement de Rabot Dutilleul, décrit le rôle stratégique du troisième métier du groupe : les services. Responsable de la fiabilité des équipements sur cinq ans, dix ans, ou bien plus en cas de partenariat public privé, l'entreprise se doit d'élaborer des solutions durables, optimisant les performances énergétiques.

Pour porter cette exigence, le groupe a fait l'acquisition en 2002 à Tourcoing de Sitex (maintenance multi technique), qui a elle même avalé en 2008 GCE (génie climatique et électrique). En deux ans, cette entité de 120 personnes a vu son activité tripler, à 12 M€. "Nous visons 30 M€ d'ici cinq ans", annonce l'ex-directeur de l'Apim.
Le développement durable est selon Claude Lenglet , directeur scientifique, "la ligne de conduite des hommes et des marques ", déclinée dans le projet d'entreprise "imagine 2014" et sa trentaine d'axes de progrès: plan de déplacement, création d'une université d'entreprise, développement d'une offre en rénovation durable ou encore la mise en place d'une politique d'achats responsables.

Certaines réalisations portent déjà cette griffe, tel le Campus Veolia à Lomme. L'ensemble de 12.000 m² en six bâtiments reliés par une galerie couverte, est labellisé HQE et à faible consommation énergétique. Autre exemple à Leers : la construction pour ID Group d'un entrepôt HQE de 17 000 m² par Gérim.

"Depuis 2010, tous les projets de logements proposés par Nacarat sont basse consommation", note Claude Lenglet. Autre initiative : la création d'un concept d'habitat global à très haute performance énergétique muni de façades en structure bois.
Le groupe a plus de 350 idées dans ses cartons. "Si les quatre cinquièmes d'entre elles ne verront jamais le jour, nous estimons pourtant que les sommes allouées ne sont pas dépensées, mais investies", martèle Jean-François Dutilleul. Le président d'Arpège - entrepreneurs mécènes de l'orchestre de Lille- a peut être encore en tête l'échec du stade Grand Lille raflé par Eiffage, dont le projet était pourtant plus onéreux, ou l'accueil mitigé que lui a réservé le gratin lillois à Shanghai lorsqu'il a dévoilé son projet de tour Grand Lille, de 150 étages, destiné à densifier Euralille. Un projet où ont déjà été investis deux millions d'euros...

A la question d'une éventuelle entrée en bourse pour conforter l'expansion de son groupe, le représentant de la 3ème génération s'insurge : "Pas question! Nous resterons une ETI, entreprise de taille intermédiaire, l'une de ces championnes cachées de notre économie. Nous sommes une société détenue à 80 % par la famille et à 20% par ses cadres. Et nous le resterons!"

Betsinor, une filiale en béton

Le point commun entre le musée LAM de Villeneuve d'Ascq, le siège de Bouygues Immobilier à Issy-les-Moulineaux, les gares TGV de Berlin et de Roissy, le Louvre d'Abou Dhabi ou encore les tulipes de Shangri-La au pied d'Euralille ? Betsinor, et ses panneaux en matériaux composites cimentaires, dont la créativité et la souplesse séduisent les archis. "Depuis sa création à Courrières dans le Pas-de-Calais en 1985, cette filiale de Rabot Dutilleul dépose un brevet tous les deux ans. Son coeur de métier est l'innovation", affirme Guillaume Aelon, ingénieur ESTP de 38 ans, nouveau dirigeant de cette structure de quarante personnes.

Elle ne réalise que 3 % de son activité au sein du groupe, mais cela pourrait bien évoluer. En effet, un nouveau panneau " BEPIM ", breveté en août, pourrait bien intéresser les constructeurs maison. Grâce à un nouveau process d'isolation sous vide, il autorise l'utilisation de panneaux moins épais et plus étanches. De quoi booster les ventes de cette PME dont le CA atteint déjà 7 M€.

 

Les PPP, un champ en devenir

Pour décrocher les marchés publics, Rabot Dutilleul s'engage de la conception à la maintenance sur trente ans en passant par la construction et le financement de l'opération. "Nous prenons tous les risques sur une durée de trente ans. D'où la nécessité de tenir compte du coût d'exploitation dans le coût global," analyse Jean-Pierre Nacry.
Exemple de ce savoir-faire géré en interne par une filiale dédiée qui réalise 1% du CA du groupe : la construction de l'EPHAD de Douai. Rabot Dutilleul Construction érigera les nouveaux bâtiments sur 12 800 m² au côté de Nacarat comme promoteur des anciens hospices réhabilités. Ce site du XVème siècle sera reconverti en résidence pour étudiants et en logements hauts de gamme.

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