Recourez à l'apprentissage !

Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France

" J'ai commencé dans la vie active avec un CAP pour unique bagage. J'ai tout appris sur le terrain. J'estime cela normal de transmettre à mon tour mon savoir aux jeunes ". Créateur à Pérenchies de Col de Cygne, TPE de cinq personnes spécialisée dans l'outillage, Carlos Rodriguez emploie deux apprentis. " Nous prenons le temps de bien les former. Au bout de quelques mois, un jeune est productif et mérite largement son salaire mensuel de 600 à 700 euros. Cela ne sert à rien de prendre des apprentis si c'est pour leur faire balayer l'atelier à longueur de journée." Carlos Rodrigues reçoit du conseil régional une allocation annuelle de 1800 euros par contrat d'apprentissage. Satisfait du système, il envisage même de recruter un apprenti supplémentaire l'an prochain.

Selon une étude de la Dares (Ministère du travail), les entreprises de moins de cinquante salariés représentent 78 % des employeurs d'apprentis. Un chiffre qui devrait logiquement diminuer avec les dernières mesures annoncées comme le relèvement des quotas pour les

Chiffres clés
20 600 apprentis dans le Nord-Pas-de-Calais
47 % de CAP et BEP, mais aussi 10 % de licences, masters et ingénieurs
1/3 de filles
55% ont trouvé un emploi six mois après leur formation (2009)
Source : Conseil Régional 2009

plus de 250 salariés et la mise en place de bonus- malus. Ajoutez à cela l'exonération des charges étendue aux entreprises de 11 à 250 salariés, le crédit d'impôt de 1 600 euros et l'aide du conseil régional de 1500 euros et l'on comprend pourquoi l'apprentissage rencontre le succès, toutefois mitigé ces deux dernières années en raison de la crise.

Avec ses 20 600 apprentis, la région rattrape son retard. " Un retard lié ", selon Philippe Kemel, vice-président du conseil régional en charge de l'apprentissage, " à la présence historique de grandes industries comme les Houillères, la sidérurgie ou le textile. " Objectif visé : 30 000 apprentis grâce à une politique d'investissements soutenus : 100 millions d'euros ont servi à financer en 2010 des actions en faveur des jeunes, des entreprises et des centres de formation.

Redorer le blason de l'apprentissage

" Lourdeur administrative, difficulté de trouver de bons candidats, certains chefs d'entreprise soulèvent des freins à l'apprentissage ", observe Fabienne Delabouglise, manager des projets apprentissage-relations école-entreprises, à la CCI Grand Lille. Des freins qui pourraient être évités par une bonne validation du projet. " En définissant le poste, le dirigeant ne doit pas oublier que l'apprenti ne sera pas toujours présent et qu'il est là pour apprendre. " Ensuite, il pourra sélectionner la formation et le niveau de diplôme avant de commencer le recrutement. Fabienne Delabouglise souligne également l'importance du suivi par un maître d'apprentissage qui reste en lien avec le CFA (centre de formation des apprentis).

Du côté des jeunes, le système est parfois très salutaire. Originaire de Watten, près de Saint-Omer, Camille Destierdt n'hésite pas à faire une heure et demie de transport par jour pour suivre un CAP vente. " J'étais inscrite sans conviction en bac ES,pour faire plaisir à mes parents. Grâce à cette formation qui alterne le magasin et les cours, j'ai retrouvé goût aux études. " Camille envisage même de se lancer dans un bac commerce puis un BTS. Un chéquier d'équipement de 200 €, la reconnaissance du statut d'étudiant, la création d'une plate-forme numérique régionale dédiée : autant de mesures qui redorent le blason de l'apprentissage.

Adapter les formations

Si le niveau des jeunes s'élève –32 % ont un niveau bac contre 20 % en 2000-, les formations ne paraissent pas toujours adaptées aux besoins des entreprises. Les CFA sont financés à 45 % par la Région et à 30 % par la taxe d'apprentissage en cours de réforme.
Pour remédier au problème dans sa branche professionnelle, Daniel Plaetevoet, à la tête d'une société d'entretien d'espaces verts de 25 personnes à Coudekerque-Branche, a participé à la mise en place d'une convention de partenariat entre l'UNEP (Union des entreprises de paysages), la DRAF (Direction régionale de l'agriculture et des forêts) et les centres de formation. " Nous avons écrit noir sur blanc les enjeux et les besoins des uns et des autres. Résultat : les enseignants ont suivi des stages dans nos entreprises . " Chaque jeune en contrat chez Daniel Plaetevoet signe une Charte Qualité Apprentissage qui définit les droits et les devoirs de chacun. 60 % des salariés de l'entreprise sont d'ailleurs d'anciens apprentis. " J'ai eu le temps d'apprécier leur travail et surtout leur passion pour ce métier ".


Clément Marot : " les apprentis doivent avoir la niaque "

Dans son restaurant de la rue de Pas à Lille, Clément Marot emploie quatre apprentis. " Former les jeunes par l'exemple fait partie de notre mission " martèle celui qui est également responsable de l'apprentissage pour l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie Nord-Pas-de-Calais. Le quatrième employeur de France a encore de la difficulté à se fournir en personnel qualifié ou plutôt motivé, nuance Clément Marot. Pourtant les conditions d'accueil de l'apprenti compensent largement les horaires décalés : statut d'étudiant, allocation logement, salaire mensuel non imposable entre 800 et 1000 euros par mois, nourri le midi. " Ce qui leur manque parfois, c'est la niaque, l'envie de se retrousser les manches. Avec le sourire !"

Le secteur parvient toutefois à attirer des étudiants de bon niveau. Au CFA de Wattignies, une formation originale est dispensée à des bacheliers. 50 % des cours sont en anglais et un stage de quatre semaines en Angleterre est obligatoire. " Ce nouveau CAP répond parfaitement à nos besoins et à ceux de notre clientèle de plus en plus internationale. " Ce qui n'est apparemment pas le cas de toutes les formations que Clément Marot juge " en décalage " avec la réalité

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A La Française de Mécanique, un recrutement sur cinq est issu de l'alternance
" Dans le cadre du plan emploi jeunes, nous menons une politique volontariste envers l'apprentissage ", soutient Stéphane Durand, DRH du site de Douvrin. Le fabriquant de moteur, filiale de PSA Peugeot Citroën et de Renault, vient d'augmenter sensiblement ses quotas. La société compte recruter 94 apprentis en 2011, contre 78 en 2010, à ajouter aux 63 contrats de professionnalisation et aux 175 stagiaires. Du brevet professionnel au diplôme d'ingénieur en passant par le bac pro et les masters , tous les niveaux d'études sont concernés. Le processus de sélection s'apparente à celui d'une embauche classique : tri des CV, étude de motivation par des entretiens avec le hiérarchique et le futur tuteur, dans l'objectif d' être " gagnant- gagnant. "

Signe particulier : 20 à 40 % des jeunes recrues sont des femmes. De quoi féminiser à terme la FM où la gent féminine ne représente que 4 % des 3600 salariés. Les apprentis ont en effet de bonnes chances d'être embauchés puisqu'un recrutement sur cinq est issu de l'alternance. Comme les autres salariés, les apprentis passent à un moment ou un autre par l'école de formation du site. " Nous ne nous contentons pas de leur apporter un savoir-faire opérationnel mais également un savoir-être qui leur permet de s'insérer dans un groupe de travail ", conclut le DRH de cette société primée l'an dernier aux Trophées de l'apprentissage.

 

Les 5 étapes de la démarche
1 S'assurer que le profil du poste est bien compatible avec un apprenti, en cours la moitié de la semaine
2 Trouver le bon niveau de diplôme et la bonne formation
3 Diffuser l'offre de contrat auprès des CFA (centre de formation des apprentis), sur les portails internet : nordpasdecalais-apprentissage.com, artisanat-npcd.fr, poleemploi.fr
4 Signature du contrat d'apprentissage et demande du dossier Cerfa
5 Suivi par un animateur territorial de l'apprentissage

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