Seine Nord Europe : le défi des retombées économiques

OISE. Les premiers coups de pioche du canal Seine Nord ont été donnés. Elus et techniciens tentent d'optimiser les retombées sur le territoire de ce projet XXL à 5 Mds €.

Il y a la métaphore mécanique de Xavier Bertrand, « la marche arrière est cassée ». Et la citation plus littéraire de Stéphane Demilly, « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire », tirée du Cid. Deux styles, mais une satisfaction commune de voir le « chantier du siècle », celui du canal Seine Nord, enfin lancé après trois décennies de travaux d’études, de contre-études, d’analyses complémentaires, de revirements, de redéfinition du tracé... Et toujours au milieu, ce fichu rocher du financement sur lequel le projet à plus de 5 Mds € a bien failli s’écraser à plusieurs reprises. « Cette fois, ça y est », convenaient lors d’une réunion publique organisée à Amiens, à la mi-septembre, les élus de la région et les  techniciens de la société du canal, maître d’ouvrage.

Dans l’Oise, les travaux ont en effet commencé, entre Compiègne et Pas- sel. Un marché à plus de 50 M€ – le premier d’une longue série - a été passé avec un groupement de neuf entreprises, dont deux locales. Un détail qui a son importance, une clause « de proximité » ayant été prévue dans les appels d’offres pour maximiser son impact sur le territoire. Au total, 62 franchissements routiers, sept écluses, quatre ports intérieurs, dix quais, trois ponts-canaux... sont à construire d’ici sept ans. Ce qui devrait générer quelque 6 000 emplois au bas mot. « Il est regrettable que toutes les entreprises, notamment dans l’Oise, n’aient pas encore compris le potentiel de ce chantier », regrettait toutefois Philippe Hourdain, président de la CCI des Hauts-de-France. La société du canal n’a pourtant pas ménagé ses efforts à raison d’une réunion d’information par jour, en moyenne, depuis le lancement du projet. Leur objectif ? Informer bien sûr, mais aussi rassurer les riverains des 62 communes traversées, en particulier les exploitants agricoles, inquiets de l’emprise de la voie d’eau – large de 54 mètres – sur les terres agricoles.

Logistique fluviale

Reste également la question de l’après mise en service. Des milliers d’emplois sont promis, notamment dans la logistique fluviale. Problème, là encore : la filière est à reconstruire. «N’oublions pas que les péniches sont fabriquées dans le nord de l’Europe, voire en Asie. Et que le métier de marinier peine à recruter », estimait ainsi Jean-François Dalaise, président d'honneur du comité des armateurs fluviaux, tempérant un peu l’enthousiasme général de la réunion publique. Sans oublier bien sûr la question de la motorisation des péniches géantes, 185 mètres de long, 11 de large, capables de transporter 4 400 tonnes, sur laquelle il faudra également travailler afin de faire réellement de Seine Nord Europe le projet « vert » que ses promoteurs ambitionnent