SIB - Marc Leroy : « La simplification administrative est ne?cessaire »

Vous dirigez l'entreprise présidée par votre père. E?tes- vous dans une logique d'entreprise familiale ?

Non ! L'entreprise a pu e?tre familiale a? un moment, mais je ne m'inscris pas dans cette ligne. Le mode?le familial n'est pas toujours gage de re?ussite. Je ne suis d'ailleurs pas actionnaire et je n'en ai pas l'intention. J'ai envie d'e?tre libre. J'ai travaille? 25 ans hors de la re?gion. On m'a appele? en 2007 pour redresser la situation : la socie?te? avait gagne? beaucoup d'argent dans les anne?es 80-2000, mais l'ave?nement du nume?rique, les investissements en Allemagne et en Grande-Bretagne chez nos concurrents ont entrai?ne? une baisse de compe?titivite?, et l'entreprise a e?galement souffert d'erreurs de gestion. Pour e?viter le de?po?t de bilan, on a casse? les contrats avec nos fournisseurs, coupe? la sous-traitance non rentable, travaille? tous les postes de de?penses, e?carte? les anciens dirigeants. Nous avons du adopter deux plans sociaux, mais sans casse humaine. Nous avons re?ussi a? redresser l'affaire en un an et demi. Depuis nous sommes stabilise?s me?me si nous gagnons tre?s peu d'argent.

Si vous ne souhaitez pas reprendre l'entreprise, quel peut être son destin ?

Les banquiers m'ont approche? pour me proposer des montages de reprise mais je ne le souhaite pas. On pourrait pluto?t e?tre amene?s a? fusionner un jour avec d'autres, pour proposer une offre comple?mentaire, tant en terme de me?tier que ge?ographique.

Dans un secteur de l'imprimerie en crise, comment jouez-vous votre partition ?
Notre industrie souffre d'une guerre des prix mene?e par certains pour maintenir leur part de marche?, c'est du dumping de survie. En face, vous avez des centrales d'achat puissantes qui nous mettent en concurrence. Ce que nous vendions 20€ il y a dix ans, nous devons le vendre 12 € aujourd'hui...Nous allons davantage sur des productions a? plus forte valeur ajoute?e, des catalogues, des revues professionnelles, des magazines de collectivite?s, de compagnies ae?riennes... On de?veloppe de plus en plus la co-conception, on imprime aussi des livres. Nous cre?ons des valeurs ajoute?es nouvelles pour sauvegarder l'emploi

Quel est le rôle des hommes dans votre métier ?

Il est très important. Il faut mettre de  l'intelligence dans les flux mais aussi former les hommes, promouvoir leur monte?e en compe?tence, d'autant que notre moyenne d'a?ge est de 45 ans. J'ai transforme? l'ancienne salle du conseil, qui ne servait pas, en salle de formation. Le comite? d'entreprise est associe? au conseil du directoire. C'est aussi une manie?re
d'associer les salarie?s a? la vie de l'entreprise. Il m'est arrive? de solliciter l'avis du personnel avant d'accepter une commande qui pouvait soulever des questions.

Qu'est-ce qui à votre avis entrave le plus le développement d'entreprises de taille intermédiaire en France ?
La simplification administrative est ne?cessaire. Ici la Dreal me demande de construire une plateforme de 5m2 sur deux chemine?es pour permettre au contro?leur de venir une fois par an. Et c?a ne peut pas e?tre deux fois deux me?tres carre?s. C?a me cou?te plus cher que mes re?sultats annuels ! L'anne?e dernie?re on me demandait de re?aliser presque une piscine olympique comme bassin face aux inondations de la Liane (la rivie?re voisine, ndlr), alors me?me qu'historiquement, les inondations ont toujours eu lieu un kilome?tre en aval et absolument jamais ici.
Par ailleurs, on est tre?s ge?ne?s par des lois qui changent en permanence.

Recueilli par Olivier Ducuing