Thierry Letartre: “Nous visons 50% de notre activité à l'export sous trois ans

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Vous êtes redevenue entreprise familiale depuis le rachat des parts d'Air Liquide avec Ardian fin 2013. Quel impact cela a-t-il eu ? Quid après Ardian ?

Air Liquide nous a permis d'’acquérir une stature internationale mais ne favorisait pas spécifiquement un développement par acquisition. Mon frère Bertrand initiait des projets d’'acquisition mais sans concrétisation compte tenu des critères d'’acquisition du groupe. Le fait que nous ayons repris 51% au côté d'Ardian a permis une dynamique extraordinaire. Après Ardian, cela pourra être un autre fonds d'’investissement, un « family office » voire une association industrielle ou pourquoi pas une entrée en bourse. Mais les perspectives s'ouvriront surtout après 2018.

Votre marché est-il porteur ?

Pour notre croissance organique, le marché hospitalier où nous sommes leader est stable et mature avec un faible accroissement de potentiel. A l’'international, le contexte géopolitique est complexe avec des aléas économiques, telle la chute du prix du pétrole, ou des conflits politiques qui malmènent l’'économie de nombreux pays comme la Russie, le Moyen Orient ou certains pays d'’Amérique du Sud, pays ou nous sommes présents depuis de nombreuses années. L’'Europe et l’'Asie restent des marchés en croissance avec de bonnes perspectives à court et moyen terme.

Comment maintenez-vous votre rythme de croissance ?

Nous avons conclu plusieurs acquisitions ces deux dernières années et devrions en conclure d’'autres sous quelques semaines en France et en Europe. Nous misons beaucoup sur l'innovation en chimie comme en microbiologie, avec de nombreux partenariats avec des centres universitaires français et européens. Anios a comme règle d'’étudier les besoins des utilisateurs et les satisfaire dans les meilleurs délais. Notre centre de recherche compte 40 personnes, qui élaborent de nouveaux produits, une trentaine par an. Pour exemple une molécule, le PHMB, a été déclarée en 2015 comme CMR soit cancérigène, mutagène ou reprotoxique. Dès 2013, nous avons élaboré des formulations de substitution pour répondre à cette évolution réglementaire, formulations qui furent les premières disponibles sur le marché international. Notre force est la grande proximité du terrain et des utilisateurs.


Pourquoi allez-vous déménager en 2018 vers votre site de Sainghin-en-Mélantois ?

Notre usine d'Hellemmes est classée Seveso et demanderait trop d'’investissement pour accompagner les normes environnementales désormais exigées et en préparation. Sur ce site, nous allons construire notre nouveau siège et la production sera regroupée sur notre site de Sainghin avec une augmentation de capacités de production et d’'emploi. C'est un investissement global de près de 20 M€.

Que sera Anios dans trois ans ?

Notre objectif est d'’atteindre 400 M€€ de chiffre d'affaires dont 50% de nos ventes à l'export, contre 35% aujourd'hui, de maintenir notre développement sur notre marché national tant au niveau de la santé que de nos activités en industries et collectivités. Ce développement sera supporté par un programme de croissance externe et une croissance organique soutenue, même si le marché de l’'hygiène et de la désinfection est plus tendu. Mais soyez assuré, nous avons quelques idées qui nous permettront de développer notre savoir faire en gestion du risque microbien et en professionnel de la désinfection, là où nous ne sommes pas nécessairement attendus.

Si vous deviez citer un frein au développement des ETI en France ?

Anios est au cœoeur de l’'Europe mais aussi des réglementations européennes complexes, coûteuses et peu consensuelles. 20 personnes hautement qualifiées réunise au sein de nos départements «Affaires réglementaires et Qualité-Sécurité Environnement » nous permettent de suivre cet emballement réglementaire. La charge administrative que nous subissons est un frein à notre réactivité et, en finalité, à notre développement.

Recueilli par Olivier Ducuing



 

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