Urgent : Patrons âgés, usés, ou en transition cherchent repreneurs !

La CCI Hauts de France organisait jeudi 1er décembre à son siège de Lille Europe la première rencontre Transfair de la transmission-reprise, sur le modèle créé il y a quelques années déjà par son homologue de Paris Ile-de-France. Il faut dire que l'enjeu est crucial avec près de 38 000 entreprises concernées dans les 5 ans, soit 135 000 emplois.
« La transmission d'entreprise est réellement un sujet majeur, 1 pour le territoire et 2 pour les savoir-faire de ces entreprises. Il est toujours plus facile de pérenniser des emplois que d'en créer de nouveaux ». Philippe Hourdain, président de la CCI de Région, souligne d'emblée les enjeux d'une économie de la transmission d'entreprise marquée par à la fois des effets de volume et par des changements psychologiques liés aux récentes crises. Effet de volume d'abord car, en prenant l'âge moyen de départ des dirigeants en retraite, soit 62 ans, et les cinq ans nécessaires à l'anticiper, la question se posera pour 37 600 entreprises dans les cinq ans, qui représentent 117 000 salariés et plus de 18 000 indépendants. Des enjeux qui justifient la création d'une forme de hub de reprise et de la cession selon Philippe Hourdain, tout particulièrement les petites structures. « Le taux de commission ne permet pas aux cabinets spécialisés de se rémunérer sur les petites entreprises », explique-t-il.
« Les Tpe-Pme sont les organes vitaux de notre économie », s'exclame Marc Krzemianowski, président de la commission transmission-reprise de la CCI Hauts-de-France, pour qui « la Covid a marqué beaucoup de chefs d'entreprises qui sont fatigués, maintenant c'est l'énergie, c'est beaucoup de stress, et un manque de visibilité ».
Pour fluidifier le passage de témoins dans les petites entreprises, le conseil régional prépare le lancement d'un fonds dédié, avec Finorpa et « un autre fonds régional privé », d'un montant minimum entre 5 et 10 M€, annonce Philippe Beauchamps, en charge de la commission entreprises au conseil régional. Ce fonds accorderait de manière simplifiée des prêts obligataires jusqu'à 100 voire 150 K€.
« Lourde charge mentale »
Le sujet de la transmission est en effet sensible. Une large étude menée par la CCI de région indique qu'en moyenne 18% des dirigeants envisagent de transmettre dans les cinq ans, l'immense majorité concernant des entreprises de moins de 11 salariés, et près de la moitié des entreprises sans salarié. Plusieurs secteurs concentrent une grosse partie des projets de transmission : le commerce de détail (34%), les hôtels-restaurants (17%) notamment. Les raisons sont majoritairement liées à l'âge du capitaine, mais pas seulement. Ils sont 11 à 15% des dirigeants de TPE de moins de 11 salariés à vouloir changer d'activité, et on compte même 12% des dirigeants de microentreprises à ne plus vouloir être dirigeant.
Hubert Tondeur, président de l'ordre des experts comptables en région, souligne « le poids psychologique de deux années compliquées » sur les épaules des chefs d'entreprise chez qui « la charge mentale est très lourde ». Or les jeunes qui se lancent dans l'entrepreneuriat ont selon lui davantage d'appétence pour l'univers de la tech, alors que les perspectives de transmission sont les plus nombreuses dans l'économie traditionnelle (hôtellerie restauration, commerce de détail par exemple). Les volontaires ne se bousculent donc pas notamment face aux enjeux importants liés à la transition énergétique, les évolutions technologiques, la surenchère normative, explique Hubert Tondeur.
Pour autant, le potentiel est là selon les acteurs locaux. « Beaucoup de gens en ont marre du salariat et s'intéressent à la reprise. Notre métier est de les motiver », estime Philippe Hourdain, qui pointe comme une preuve de l'attente des entrepreneurs le grand succès de cette première édition de Transfair avec plus de 400 présents (la jauge n'en permettait pas davantage).
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