Vekia cultive l'optimisation des flux

Silence, neurones en action ! Au premier étage de l'ancienne cathédrale industrielle Leblan-Lafont, reconvertie en temple du high-tech, une trentaine de personnes s'affairent sans bruit sur leur moniteur dans un open space organisé en îlots. De loin, on pourrait penser à une entreprise tertiaire comme tant d'autres. Pas du tout. Pas un salarié ou presque, ici, qui n'ait en-dessous du diplôme d'ingénieur, et bon nombre de chercheurs, à commencer par les deux créateurs, Manuel Davy, 38 ans, du CNRS, et son associé Pierre-Arnaud Coquelin.

Vekia fait partie des trop rares start-up à très fort potentiel de la région. Avec trois grands savoir-faire dans sa besace, les métiers de la distribution, le développement de logiciels et les maths appliquées pour l'apprentissage automatique (sequential learning). Des ingrédients qui ont permis à la jeune société née en 2007 de lancer plusieurs logiciels et d'afficher déjà des ambitions dignes de la Silicon Valley.

Le cap des 100 salariés

L'aventure est née d'un contrat de recherche du groupe Auchan signé avec le CNRS et piloté par Manuel Davy autour d'un dispositif de prédiction d'affluence. Avec pour objectif d'être capable de calculer par exemple combien de personnes allaient se présenter aux caisses entre 14h et 14 h15, et anticiper ainsi au plus près les besoins en mobilisation de personnel. Ce travail a abouti à la création du logiciel PLAN, copropriété du CNRS et de l'Ecole Centrale, et devenu l'un des produits de départ de la nouvelle société. D'autres logiciels ont suivi depuis comme Provisia, développé avec le pôle de compétitivité Picom, ou encore Probuy, dans la partie amont de la chaîne logistique (les achats).

D'abord hébergés sur le site de la Haute Borne, à Villeneuve d'Ascq, appuyés par LMI et Nord-Entreprendre, les deux associés se sont installés à Euratechnologies en mars 2009. " C'est un endroit où il faut être. Il permet d'afficher auprès des clients une image high tech et un terroir ", affirme Manuel Davy. Au fil de son développement, la société a déjà déménagé trois fois au sein d'Euratechnologies. Le local actuel, pourtant large, ne permettrait de monter qu'à 35 salariés. Or Vekia vise déjà le cap des 100 personnes.

L'enjeu est important puisque derrière ces logiciels se profilent des gains de productivité d'autant plus stratégiques que le modèle de la grande distribution s'essouffle dans son format traditionnel. Ce qui explique aussi pourquoi les dirigeants se retranchent dans un silence absolu dès qu'on aborde les questions financières. Chiffre d'affaires, résultat, investissement ? Mystère! Tout au plus saura-t-on que Vekia consacre 60% de ses équipes à la R & D.