Xavier du Boÿs, La location en partage

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Xavier du Boÿs est un homme pressé. Partagé entre le siège nordiste, à Marcq-en-Baroeul, et les bureaux parisiens, il nous reçoit pour “dix minutes” d'entretien. Barbe grisonnante, regard sincère, simplicité, le patron est plus à l'aise à parler de Kiloutou que de lui-même. “C'est l'entreprise qui compte. Je dirige mais je ne suis pas supérieur aux autres. Un préparateur de matériel a droit à toute mon estime, on a besoin de tout le monde.” Le cadre et l'homme sont posés. Cinquante minutes plus tard, le profil d'un entrepreneur né s'esquisse, depuis bientôt dix ans entièrement au service d'un modèle de développement unique. Projet partagé, culture de l'actionnariat salarié... Franky Mulliez, cousin de Gérard et président du conseil de surveillance, a marqué son entreprise du sceau des grandes valeurs entrepreneuriales du Nord, où “le respect des hommes prime”, souligne le président du directoire, parisien d'origine et nordiste de fibre. Eric Guiot, qui préside aux destinées du groupe familial Salti, témoigne d'un " concurrent dur mais loyal, que je respecte beaucoup " et d'un "confrère très discret qui travaille avec force et efficacité ".

Esprit d'entreprise

Le parcours de Xavier du Boÿs, 55 ans, navigue entre salariat et indépendance, guidé par un appétit d'entreprendre et de défricher. Un diplôme de l'Essec et un DEA finances en poche, il met le cap sur la Malaisie comme coopérant. Il en revient trader pour une société de négoce international d'oléagineux, Safic-Alcan. “C'est là que j'ai appris à travailler.” L'expérience lui permet de rejoindre Deloitte & Touche en tant que consultant en management. En 1987, l'esprit d'entreprise le gagne : il développe Orige, un cabinet de conseil en organisation et stratégie pour Pme. Créé avec deux associés, il réunit 15 personnes six ans après. Au bout de dix ans de conseil, l'envie de “faire moi-même” le prend, il lâche tout et songe d'abord au rachat d'une entreprise. On est en 1993, mauvais timing. Il revient à un poste salarié.

Rédacteur en chef

Le groupe G7 lui confie d'abord sa branche logistique entrepôt. En deux ans et demi, le directeur général redresse la société, la diversifie avec la gestion d'archives, puis crée Homebox, chaîne de self-storage (garde-meuble). Il prend ensuite les commandes d'Ada, pour lequel il ouvre le premier site de réservation de véhicules en ligne de la profession. Cet entreprenant invétéré se heurte alors à une divergence de vue, le groupe ne croit pas en sa stratégie. Qu'à cela ne tienne, il quitte Ada. Mais il a découvert “le côté fabuleux de la location”.
Avant d'y revenir, il vit entre 1999 et 2001 l'explosion du web en créant FTPress, société de presse spécialisée dans l'édition de publications diffusées par mail. “J'ai connu pendant deux ans la gloire d'Internet puis l'effondrement”, relate l'ancien rédacteur en chef. “Ce qui s'est passé là était exceptionnel, très enrichissant sur le plan personnel mais un désastre sur le plan financier. On était un peu en avance...” L'entreprise dépose le bilan. Retour à la case salarié. Xavier du Boÿs reprend contact avec la galaxie Mulliez, qu'il avait accompagné dans ses années de consultant.

“Un actionnaire réglo”

Franky Mulliez, qui dirige encore alors la société qu'il a créée en 1980, est sensible à son expérience FTPress. Il voit dans les difficultés traversées le signe d'un battant, car “c'est à travers les erreurs qu'on apprend” – une des valeurs de Kiloutou, désormais gravée dans le marbre. Il lui confie début 2002 la direction générale de l'entreprise. Xavier du Boÿs revient à la location pour en faire un véritable credo “C'est un secteur passionnant et un métier d'une richesse inouïe, qui se renouvelle en permanence, avec des matériels différents, pour des clients différents, dans des situations différentes... en y associant un service complet.” Il trouve en Franky Mulliez un actionnaire “droit, réglo, qui fait confiance, délègue et partage” et un développement basé sur les hommes avec des valeurs fortes.

PAI nouvel actionnaire

Chez Kiloutou, l'actionnariat salarié est une culture de 30 ans. En 2002, 8% du capital sont détenus par les salariés et managers. En 2005, Franky Mulliez cède le contrôle de son entreprise au fonds d'investissement Sagard avec un premier LBO. 15% du capital, puis la totalité, sont ouverts aux cadres et salariés, soit 450 personnes sur un effectif de 2 000. Cinq ans et demi plus tard, Sagard déboucle le LBO. PAI (Paribas) devient en 2011 le nouvel actionnaire de référence ; tous les anciens actionnaires réinvestissent, les salariés conservant 15% du capital. “Les salariés actionnaires travaillent dans le sens de l'entreprise et en bénéficient, commente le président. L'actionnariat salarié est partie intégrante du projet d'entreprise.” Et ce dernier projet concerne aujourd'hui 2 300 personnes. “Les faire grandir, leur permettre d'avoir une vie aussi sereine que possible, d'être reconnues, c'est ce qui me pousse à me dépasser.” Entre 2005 et 2010, le chiffre d'affaires a été doublé, passant de 188 M€ pour 155 agences à 293 M€ avec 285 agences.

La crise, une opportunité

Les projets de développement sont nombreux et multidirectionnels. Au programme : nouvelles agences, nouveaux matériels et métiers (comme les modules ou les groupes électrogènes de forte puissance), acquisitions et développement international...
Dès septembre, Kiloutou proposera la formation client, par exemple pour l'autorisation de conduite de chariots élévateurs. Et la location au particulier dans les magasins Mr Bricolage et Bricorama. Un projet Internet est aussi à l'étude mais la discrétion est de mise.
La crise ? Xavier du Boÿs avance une part de marché en augmentation sur la période, à 9,5%, contre 6,4% il y a cinq ans. L'équipe de direction “mobilisée dès mars 2008” a ajusté les coûts très tôt, sans casse sociale. “Nous avons mobilisé les hommes pour faire de la crise une opportunité. C'était le moment de progresser, parce que c'est quand c'est dur qu'on voit les meilleurs.” Une profession de foi.

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