Yves Delnatte : Homo connectus

Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France

Texte Julie Dumez, photo Sébastien Jarry

Le directeur-associé de la SSII Ineat Conseil, pépite d'’Euratech, connaît une croissance fulgurante. Il déménagera en septembre vers de nouveaux locaux.

 

Tutoiement de rigueur, post-it war sur les fenêtres, table de ping-pong au centre de l'open-space. Nous sommes chez Ineat Conseil, au coeur d'’Euratechnologies. C’est en 2006 qu'’Yves Delnatte a fondé avec Cyril Delbecq son ami d’enfance et Etienne du Chaffaut, ancien collègue de Capgemini, cette SSII spécialisée dans la gestion de flux d’'information et en développement e-commerce, intranet et extranet. La Pme fut la deuxième à s'’implanter à Euratech, sur 20 m2 à l’'époque. Six ans plus tard, avec 118 salariés dispatchés entre Lille, Paris et plus récemment Bruxelles, elle est encore à l'’étroit dans ses murs. Le siège lillois déménagera en septembre à une centaine de mètres, grâce à l’'acquisition d’un étage et demi d'un nouveau bâtiment. Yves Delnatte peut se targuer de quitter Le Blan Lafont pour cause de réussite : sa société est la seule à être passée par l’incubateur, la pépinière et l’'essaimeur. Une logique d’accompagnement qu'il reproduit avec Crezeo, société créatrice de réseaux sociaux (à Euratech également) dont il a pris une participation.

 

« L'’extraterrestre de la famille »

 

Les gènes familiaux ne le destinaient pas à devenir chef d'entreprise. Mère institutrice, père à la SNCF, deux frères à La Poste et Air France, « l'extraterrestre de la famille » a commencé par organiser des soirées étudiantes pour financer ses études. « Avec ma boîte d'événementiel, nous affrétions des bus pour faire des soirées de 1 500 personnes », se rappelle-t-il. Un goût du partage et une bonne humeur qui se traduit chez Ineat : mot venant du latin inere qui signifie : « aller vers, entreprendre ». Pour preuve, pour les cinq ans de la boîte, il a emmené l'ensemble de ses collaborateurs en séminaire... au ski. Et il s'investit dans le monde associatif : membre de la Créativallée et de l'AS2i, association des sociétés de services en ingénierie informatique, il a pris en 2011 la casquette de président du Club des entreprises d'Euratech pour laquelle il s'emploie à organiser des rencontres professionnelles.

 

Règle des quatre quarts

 

Ce passionné de transistors et de voitures anciennes fait surtout partie de cette poignée de patrons qui affichent une insolente expansion. Il revendique + 1662% de croissance cumulée ! Une performance récompensée par le 1er prix Deloitte Fast 50 en région et de la 9e place au concours national. Prix qui suscitent les propositions de rachat et favorisent les affaires. Et l’'ex Sup de Co Montpellier compte bien ne pas s'’arrêter là. Il prévoit une trentaine de recrutements pour booster l'’antenne parisienne en attendant l'’ouverture de bureaux à Bordeaux, Nantes, Lyon et Sophia-Antipolis, encore dans les cartons. Objectif : 15 M€ de CA en 2014. « Et pourquoi pas outre-Atlantique », lance-t-il. Un rêve en forme «d'accomplissement » pour celui qui revient de San Francisco où il a présenté sa dernière innovation, tout droit sortie de son département R&D. Il se prépare d’ailleurs à s'’envoler pour Stanford pour suivre la formation liée à Euratech. « Aficionado » du pôle d’'excellence, il avoue qu'’Ineat Conseil ne serait pas où elle en est sans le temple du numérique lillois. Raouti Chehih son directeur le qualifie de : « grand malin, hyper-compétent et volontaire qui a le sens des affaires. J'ai toujours eu des échanges francs et constructifs avec lui. C'est un homme de réseaux qui joue vraiment la carte des interconnexions et vous challenge en permanence. Il se remet en question et cherche toujours l'innovation qui fera la différence ». Pour mener de front toutes ses activités, ce Roubaisien de naissance s'est fixé la règle d’'un planning en quatre quarts : famille, entreprise, associatif, sport. S'il concède ne pas réussir à tenir le dernier, il tente d'y remédier en alliant rendez-vous de travail et sportif. Ex-cavalier pendant 12 ans, il pratique désormais golf, squash, badminton et s'adonne aux treks, mais surtout, s'aménage du temps pour se consacrer à son épouse et ses jumeaux.