Ascoval attend son nouveau chevalier blanc

Exit Liberty Steel, plongé dans d'insolubles affres financières, l'aciérie électrique de Saint-Saulve va encore changer d'actionnaires. Trois industriels sont en lice. Réponse début juin.

 

"En quatre ans et demi que je suis là, j'aurai connu 8 actionnaires ou administrateurs judiciaires ! Mais à chaque fois, on a progressé ! » Cédric Orban, président d'Ascoval en sourirait presque. Le dernier avatar de l'aciérie électrique de Saint-Saulve poursuit l'incroyable feuilleton de cet ancien site de Vallourec passé par toutes les couleurs avant d'être marié à Hayange (fabrication de rails) sous l'égide du britannique Liberty Steel, avec la bénédiction de Bercy. Une union extrêmement pertinente puisque l'usine est déjà passée de 5 000 tonnes mensuelles à un volume de 25 à 28 000 tonnes tandis que les commandes s'accumulent et qu'Ascoval doit même souvent décliner. Résultat : une quatrième équipe (soit 30 recrutements en cours) va se mettre en place pour fin juin-début juillet, pour passer entre 32 000 et 34000 tonnes mensuelles.

Acier bas carbone

Mais les déboires de Liberty Steel, incapable d'apporter les 20 M€ promis pour abonder ceux de l'Etat français, ouvrent une nouvelle phase de rachat, imposée par l'Etat. Sera-t-elle de nature à contrecarrer cette nouvelle dynamique ? « Je suis sûr de moi », répond avec autorité Cédric Orban, fort de ses résultats et d'investissements efficaces réalisés en pleine crise sanitaire. « On a fait évoluer l'usine, c'est un succès absolument incroyable », s'enthousiasme le patron belge, qui souligne un bel alignement de planètes : l'acier connaît un cycle haut, a fortiori pour ses produits bas carbone réalisés à 100% avec des ferrailles de recyclage, un argument devenu stratégique : une tonne d'acier d'Ascoval émet 180 kilos de CO2 quand son équivalent de haut fourneau en émet 1,8 t ! Sans même compter le bilan carbone de l'acheminement des matières premières... ; depuis la modification de la coulée continue, les demi-produits réalisés à Saint-Saulve sont de très haute qualité, dévolus à 80% au marché ferroviaire lui-même porteur. En 2021, Ascoval devrait produire 320 000 tonnes.

Trouver une seconde jambe

Mais la capacité nominale du site est de 550 000 tonnes. L'usine doit donc trouver non seulement un nouvel actionnaire, mais aussi de nouveaux volumes à produire, au moins 150 000 tonnes de plus. « Avec Hayange, on marche sur une jambe, il m'en faudrait une seconde », résume Cédric Orban. Il faut aussi restructurer une dette de 100 M€, franchir l'obstacle de l'Autorité européenne de la concurrence et apporter du cash, au moins 20 M€. Autant de critères qui détermineront le prochain propriétaire d'Ascoval et d'Hayange, les deux unités étant désormais indissociables. Outre des fonds d'investissements qui n'auraient « aucune chance » selon Cédric Orban, trois gros acteurs de l'acier se sont déclarés : le groupe familial italien Beltrame, déjà présent en région à travers le laminoir LME de Trith-Saint-Léger, l'allemand Saarstahl, et ArcelorMittal. Les deux premiers sont déjà clients d'Ascoval. Le troisième est déjà fortement présent sur les marchés ferroviaires, ce qui pourrait soulever une problématique de concurrence. Les candidatures seront closes début juin. Dossier à suivre, une fois de plus.

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