Bière : le coup de maître d'André Pecqueur

André Pecqueur avait déjà frappé fort il y a deux ans et demi, en reprenant la société qu'il dirigeait, Brasserie de Saint-Omer, auprès d'Heineken, auquel lui et son frère l'avaient vendue en 1996. Une reprise bien digérée puisque la société a confirmé depuis son rang de numéro un français des bières en marque distributeur. La société est un emblème de l'économie locale, avec ses 160 salariés et son chiffre d'affaires de 110 M€. A 67 ans, André Pecqueur, déjà propriétaire des Transports TSA (220 camions, 320 salariés) reprend son Monopoly en mettant la main sur 100% du capital de son voisin douaisien, Brasseurs de Gayant. Rien à voir avec une OPA sauvage, mais plutôt l'heureuse conclusion d'une absence de transmission familiale d'un côté et d'une recherche de solution nordiste et indépendante de l'autre. André Pecqueur laisse d'ailleurs Patrick d'Aubreby aux commandes.

Segment porteur

L'opération est très pertinente. Brasseurs de Gayant est le leader français des indépendants en bière de spécialité, un segment toujours porteur, ses installations sont modernes, avec des capacités très variées en conditionnements, mais aussi une microbrasserie et un maître brasseur réputé, Alain Dassy. " De quoi faire un tas d'essais ", se réjouit déjà André Pecqueur, qui souligne les synergies industrielles, commerciales mais aussi logistiques pour optimiser les flux. L'une des perspectives naturelles pourrait être de brasser des bières de spécialité sous marques de distributeurs, " mais en gardant les mêmes qualités " grâce aux contacts privilégiés de Brasserie de Saint-Omer dans la grande distribution. Pas question de déménager ni de toucher à l'identité haut de gamme de la maison douaisienne, aux bières réputées, de la Goudale à la Démon en passant par la Saint-Landelin. Même s'il n'y a pas de consolidation comptable entre les deux brasseries, le nouveau pôle brassicole constitué par André Pecqueur affiche sans conteste une dimension nationale.