Brexit : Le Préfet et Xavier Bertrand sonnent la mobilisation

Mobilisation générale ! Le Préfet de région Michel Lalande avait déjà alerté le ministre de l'Intérieur il y a quelques jours à travers une note qui avait fuité dans le Monde. Avec au coeur des inquiétudes, l'augmentation des procédures douanières, les temps de traitement et de transit et les risques afférents, à compter du 30 mars, qui signe la véritable sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, et le transforme en pays tiers. Cette-fois, le voici sur le front médiatique, au côté de Xavier Bertrand, Natacha Bouchart, maire de Calais, Philippe Hourdain, président de la CCI Hauts-de-France et même Vincent Pourquery de Boisseron, le tout nouveau coordinateur national nommé le 2 octobre.

Le ton n'a plus rien à voir avec celui qui était servi en 2017 lors du déplacement du Comité Grand Lille à Londres, où la région, pleine d'optimisme, entendait se placer pour profiter des opportunités du Brexit.

« La question, c'est : est-ce qu'on se prend le mur, ou est-ce qu'on évite le mur ?», résume de façon lapidaire le président de Région, qui demande d'abord une mobilisation totale de l'Etat pour trouver un accord de sortie. Mais il faut aussi des décisions très rapides pour éviter le chaos sur nos autoroutes, et sur le littoral : embauche de douaniers, de personnels de contrôles phytosanitaires, mise à disposition de foncier pour implanter des infrastructures de contrôle... Et il faut aussi informer largement les acteurs économiques comme les particuliers.

Atermoiements

Or le temps presse et il y a beaucoup d'atermoiements, déplore Xavier Bertrand qui demande que les ports et le tunnel ne se regardent pas comme toujours en chien de faïence en espérant profiter de la situation pour grapiller des parts de marché. « Si c'est la cata (sic), ce sera la cata pour tout le monde », lance-t-il, plaidant le jeu collectif face à des acteurs du Benelux très efficaces, « qui ont déjà commencé à discuter de façon séparée avec les Britanniques, en douce », pointe Xavier Bertrand . « Ca veut dire se mettre en mode projet, et que tout le monde joue le jeu à 200% ». Argument repris dans des mots plus policés par le Préfet de Région : «  Ce qui se joue, c'est qui va triompher, la géographie ou l'histoire ? » La géographie et la proximité a depuis toujours favorisé Calais. « Mais le Brexit bouleverse cette prééminence de la géographie. Evitons que le retard dû aux contrôles ne redonne l'avantage aux ports du nord-ouest». Xavier Bertrand en appelle surtout à éviter d'alourdir les procédures. "Nous avons intérêt à ne pas être plus royalistes que le roi ».

Autre sujet de friction, l'utilisation de nouvelles technologies pour permettre d'anticiper au maximum les démarches douanières et réduire autant les procédures finales. Il existe un système, Cargo Community Manager, mis en place par le Grand Port de Dunkerque, mais pas ailleurs. 

"Minuit moins le quart"

Derrière ces questions techniques, c'est la position de force qu'occupe aujourd'hui la France et les Hauts-de-France dans le lien avec le Royaume-Uni qui se joue, et toute l'économie qu'elle engendre. Autant dire que les enjeux sont absolument stratégiques pour le pays comme pour la région.

« Il est minuit moins le quart. On va devoir affronter ce défi en 6-7 mois. On fera le pari d'être prêt le 29 mars », s'engage Philippe Hourdain, président de la CCI Hauts-de-France, qui lance une vaste campagne d'information auprès des entreprises concernées par le sujet : 800 sur l'arrondissement de Lille, 5500 à l'échelle de la grande région.