Canard Street en procédure de sauvegarde

L'enseigne au concept novateur a dû liquider son restaurant à la Défense et remonter la dette au niveau de la holding. La mise sous sauvegarde doit faciliter la pérennité de l'ensemble. 

Mauvaise passe pour la jeune enseigne Canard Street, née en 2017 à Lille. Le tribunal de commerce de Lille Métropole vient de placer en procédure de sauvegarde avec période d'observation plusieurs de ses structures dont le restaurant de la rue de Béthune, le premier né, qui emploie 17 personnes. La société créée par Grégoire de Scorbiac et Nicolas Drouault s'est retrouvée empêtrée dans le lancement d'un restaurant au coeur de la Défense en septembre 2019. Ce qui devait être un établissement de premier plan, sur 100 m2 et avec 60 couverts, a du fermer avec le Covid au bout de seulement trois mois d'exploitation. Et depuis, le télétravail étant devenu la norme dans le grand quartier d'affaires, la fréquentation s'est effondrée de 50 à 70%. Or Unibail n'a pas accepté de renégocier le bail ni de revenir sur les loyers. La holding étant caution des loyers et caution à 50% pour le restaurant a dû reprendre la dette et l'étaler sur dix ans dans le cadre d'une procédure de sauvegarde. Rappelons que la procédure de sauvegarde intervient avant qu'une entreprise ne soit en cessation de paiement afin de faciliter sa réorganisation tout en permettant la poursuite d'activité et la mise en place l'apurement de la dette. Les six autres restaurants (3 à Lille, un à Paris dans le IIe arrondissement, un à Reims et un dernier ouvert il y a un mois seulement à Bordeaux) poursuivent leur activité normalement. Canard Street emploie 60 personnes pour un chiffre d'affaires de 3 M€. "C'était une décision difficile mais qu'il fallait prendre. Le tribunal de commerce a été d'un grand soutien, j'ai été hyper surpris par sa bienveillance", reconnaît Nicolas Drouault.

Un malheur ne venant jamais seul, Canard Street doit en outre faire face à la crise de grippe aviaire qui frappe la France depuis quelques mois, avec des millions de volatiles abattus. Résultat : une pénurie de canards, à laquelle s'ajoute désormais la flambée des prix des matières premières, les canards étant nourris au blé et au maïs... "On va devenir experts en gestion de crise", sourit Nicolas Drouault, qui indique avoir déjà renouvelé la carte avec des plats plus accessibles et même fait une concession à la viande d'agneau. Et qui souhaite poursuivre le développement de l'enseigne à travers des franchises, même s'il reconnaît que la procédure actuelle met un coup de frein à la dynamique enregistrée depuis l'origine.