Dunkerque Port perd en volume mais gagne en valeur ajoutée

Malgré un fort recul de trafic en 2023, le port transforme son modèle économique et investit massivement pour préparer l'avenir.

 

Près de 50 MT en 2022, 44 MT en 2023: le 3e port français a nettement marqué le pas en 2023, comme tous ses homologues, du fait du ralentissement économique. Avec un recul aggravé par l'arrêt du haut fourneau4 d'ArcelorMittal, victime d'une grave fissure, qui a coûté 3 millions de tonnes.

Mais ce volume ne doit pas focaliser l'attention, estime la direction du port. Car celui-ci consolide année après année un profond changement de modèle économique qui l'amène à bien davantage de valeur ajoutée. Son chiffre d'affaires, 107 M€, est en progression de 5,2%. L'activité portuaire n'en représente plus que 44%, moins que les revenus domaniaux (45%), auxquels s'ajoutent 11% d'activités diverses. « Nous avons un modèle économique plus résilient, c'est un objectif qu'on s'était fixé il y a plusieurs années et qui est aujourd'hui atteint », se réjouit Daniel Deschodt, directeur général adjoint.

Un foncier moins abondant

Le port a du reste connu une année 2023 d'une intensité rare : deux des quatre gigafactories prévues en région s'implantent ici, les bâtiments de Verkor commencent à sortir de terre, tandis que l'arrivée de ProLogium et du duo XTC-Orano (production d'éléments de cathode) a été annoncée lors de la visite d'Emmanuel Macron. En septembre, c'est un autre duo, Suez-Eramet, qui lançait une usine de recyclage. Tandis que l'Etat confirmait deux EPR nouvelle génération. On peut ajouter les nouveaux projets du transformateur de pommes de terre, Clarebout. Après un premier trans-stockeur capable de gérer 80 millions de palettes, le Belge compte doubler voire tripler cet équipement. La multiplication des projets est telle que le foncier jadis surabondant du port commence à se raréfier. Il reste « plusieurs centaines d'hectares disponibles pour des aménagements industriels », affirme toutefois Maurice Georges, président du directoire. L'ancienne friche SRD (80ha) est par exemple en reconversion au terme d'un énorme travail de dépollution et de déconstruction. Le port investit aussi beaucoup pour accompagner cette expansion à marche forcée : un programme d'1 milliard d'euros sur 10 ans, dont 160 M€ en 2024. Avec une capacité d'autofinancement égale à la moitié du chiffre d'affaires, précise-t-il.

Si le trafic global a reculé, on notera que certaines activités sont en forte progression comme le trafic passager (+18%). Sur le conteneur, en recul pour la première fois depuis dix ans, Dunkerque se félicite en revanche d'avoir gagné des parts de marché (+13%). Et le port se veut très optimiste : les giga-factories devraient générer à terme 150 000 conteneurs par an. Le trafic céréalier devrait aussi progresser : l'opérateur Nord Céréales va mettre en service cette année de nouveaux silos de 30 000 tonnes pour anticiper le développement du fluvial. L'actualité maritime est également riche de nouvelles arrivées, dont celle du leader mondial MSC, ainsi que de nouvelles dessertes, tandis que les projets logistiques se multiplient, avec pas moins de 400 000 m2 d'entrepôts couverts à venir.