Edito n°65: Octobre 2016

Inextricable ... et coûteuse jungle

Le centre de Sangatte ferme? en 2002. La jungle sud de?mantele?e en de?but d'anne?e, la jungle nord d'ici la fin de l'anne?e... Depuis plus de quinze ans, le dossier des migrants de Calais, attire?s par le mirage anglais, revient avec plus ou moins de vigueur au devant de l'actualite?. Sans jamais e?tre re?gle?, malgre? les dizaines millions d'euros de?pense?s. Cette fois, le proble?me a pris des proportions telles que la population, qui a fait preuve de beaucoup de compassion toutes ces anne?es, est de?sormais exce?de?e de l'impuissance du politique. La disparition du bidonville sud n'a en rien enraye? le flux de migrants, au contraire, ni les prises d'assaut nocturnes des camions pour franchir le Channel. Nul doute que le mur ve?ge?talise? d'un kilome?tre de long, conteste? par les e?lus locaux, ne sera lui aussi qu'un caute?re sur une jambe de bois. La marche des habitants et le blocage de l'A 16 de?but septembre font e?cho aux manifestations des habitants des i?les de Lampedusa ou de Lesbos.

Patate chaude
Mais comment juguler ces flux alors que des populations entie?res d'Irak, de Syrie, de Libye, du Soudan ou d'ailleurs aspirent a? quitter le chaos total dans lequel il est devenu impossible de survivre ? En attendant une issue politique incontournable, les pays et les territoires tentent de se repasser la patate chaude. La Grande-Bretagne ne veut surtout pas toucher aux accords du Touquet et entend laisser les Franc?ais se de?brouiller contre quelques millions de livres. La police belge a quant a? elle e?te? prise la main dans le sac a? rela?cher des migrants sur le territoire franc?ais, a? Nieppe...
Et chez nous, bien peu de territoires, de?ja? en peine face aux difficulte?s sociales du pays, sont candidats a? l'accueil de
ces migrants. Mais le sujet de l'immigration, longtemps confisque? par le Front National, s'est impose? dans le de?bat public. Il faut savoir entendre l'exaspe?ration du Calaisis, a? l'e?conomie de?ja? fragile et lourdement impacte?e par cette crise migratoire. Le statu quo est impossible et l'e?chec interdit. Le de?mante?lement est un pre?-requis, mais pas une solution de?finitive. Le dossier doit e?tre le premier sur la pile du futur locataire de l'Elyse?e.

Olivier Ducuing
Directeur de la rédaction