Eel Energy réinvente l'hydrolienne

Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France

Créée en 2011, la start-up développe à Boulogne une membrane ondulante convertissant l'énergie des courants marins et fluviaux. Elle vient de lever près de 3M€€.

La plupart des hydroliennes en projet sont conçues sous forme de turbine ou d'hélice. Celle de Jean-Baptiste Drevet, co-fondateur d'Eel Energy, s'inscrit dans une démarche bio mimétique en s'inspirant du mouvement des poissons. Le procédé est en apparence simple: Une membrane en caoutchouc ondule sous la pression d'un courant aquatique. Des convertisseurs disposés sur toute la longueur transforment le mouvement en énergie électrique. Une solution brevetée au niveau international qui permet d'obtenir de meilleures performances en terme de couplage et de transfert d'énergie. « Nous avons une plus grande surface et 100% de la matière est utilisée », remarque l'interessé. Sur une vitesse de courant de 2,5 à 3m/s, le coût de production s'élève à 100 € M/Wh en mer, moitié moins en fleuve. Installée sur un châssis en acier, la structure s'adapte à la vitesse et l'orientation du courant. Une souplesse qui augmente considérablement la surface des zones d'implantation potentielles.


Fondée en 2011, Eel Energy a déjà conçu un prototype à l'échelle 1/6e testé dans le bassin de simulation de l'Ifremer installé à Nausicaa à Boulogne-sur-Mer. Les premiers essais en mer démarreront l'an prochain au large de Boulogne. En parallèle, l'équipe travaillera à la conception d'un nouveau proto de 16 fois 16 mètres et d'une puissance de 1MW. Une étape cruciale financée par une levée de fonds de 2,6 M€€ consentie par des investisseurs privés et le groupe familial Frisquet, spécialisé dans les énergies renouvelables. A cette augmentation de capital s'ajoutent 300K€€ d'obligations de 2015 converties en actions et 50 K€€ de bons de souscription. Eel Energy espère démarrer les essais sur une plateforme en Ecosse en vue d'une commercialisation courant 2019. D'ici fin 2016, l'entreprise prendra possession d'un bâtiment dans le port de Boulogne où sera organisée la future production. Trois nouvelles embauches devraient comple?ter l'effectif actuel de 5 salariés.

Ferme hydrolienne
A l'origine, Jean-Baptiste Drevet, ingénieur gadzart, concevait des pompes à membrane ondulante notamment pour le secteur médical. Avant de songer à adapter cette technologie aux énergies renouvelables. « J'ai toujours eu une activité d'inventeur indépendant », confie-t-il. Pendant un an, il travaille à son idée d'hydrolienne dans sa cuisine. Eel Energy est fondée en 2011 à Paris. Le concept séduit Franck Sylvain, ancien salarié d'Aurel BGC et actuel directeur ge?ne?ral de la start-up qui rejoint l'aventure pour démarcher ses réseaux d'investisseurs. En 2012, l'Ifremer accepte d'he?berger la partie R&D et de mettre à disposition son bassin simulateur de houle et de courant. La start-up obtient un prêt en avance remboursable de 500 K€€ de BPI France et de la Re?gion. Un film de présentation projeté lors de la Cop 21 attire sur le projet l'attention de quelques opérateurs étrangers notamment de Taiwan.

Pour l'avenir, Eel Energy vise plusieurs pistes de développement. Soit installer ses machines pour vendre sa propre électricité; remporter des marchés pour alimenter des i?les non connectées aux réseaux électriques. Entre autres Les Philipines, les Maldives et la Guyane française. « Beaucoup brûlent de l'essence pour générer de l'électricité. Les Maldives utilisent des groupes électrogènes monstrueux pour leurs hôtels », remarque Franck Sylvain. Le projet a été sélectionné dans le cadre d'un concours organisé par l'agence de l'innovation sud-africaine et l'opérateur électrique Eskom. A la clé : l'installation d'une ferme d'hydrolienne au large de Durban.

Etienne Vergne