Escaudœuvres : Tereos compte fermer sa dernière sucrerie nordiste

Seuls le pôle logistique et quelques services support seraient sauvegardés. Seuls le pôle logistique et quelques services support seraient sauvegardés.

Baisse des rendements, sous-utilisation des capacités industrielles, coût de l'énergie dans le cadre d'une stratégie de décarbonation : Tereos veut mettre la clé sous la porte de sa dernière sucrerie nordiste pour ne garder qu'une petite activité logistique et support. 123 emplois sont concernés.

 

« Un projet (…) de redimensionnement de l'empreinte industrielle du site d'Escaudœuvres ». C'est par cette formule très techno que le groupe sucrier Tereos a annoncé le 8 mars la perspective de fermeture de son activité industrielle sur son site du Cambrésis, pour n'y conserver qu'une activité logistique ainsi qu'une partie de ses services agricole et support. Le projet semble paradoxal dès lors que le groupe a consenti sur ce site des investissements considérables, soit 62 M€ ces cinq dernières années.

Mais le groupe coopératif pointe des raisons économiques importantes, liées pour certaines à des contraintes réglementaires nouvelles (y compris la récente interdiction définitive des néo-nicotinoïdes, qui protègent la betterave du puceron jaune): le recul durable des emblavements de betteraves entraîne en fin de course un recul des engagements coopératifs et donc des tonnages (encore -10% prévus pour la campagne 2023-2024) ; les rendements sucriers sont eux aussi à la baisse depuis plusieurs années ; et l'outil industriel est sous-utilisé, dans un contexte où les coûts de l'énergie ont flambé et vont continuer à monter.

« Il apparaît urgent (à Tereos) d'adapter son empreinte industrielle, de maîtriser ses coûts de production et d'engager des investissements importants pour sauvegarder sa compétitivité et assurer la transition énergétique de ses sites industriels », déclare le groupe dans un communiqué.

 

Consternation

En parallèle à la sucrerie nordiste, Tereos annonce aussi l'arrêt de sa distillerie de Morains, dans la Marne (26 personnes) ainsi que la recherche d'un repreneur pour un autre site de la Marne, Haussimont (transformation de pommes de terre fécule).

« Nous avons la volonté d'accompagner chacun de nos collaborateurs avec un dispositif privilégié sur la mobilité interne », déclare Christophe Lescroart, directeur des activités agricoles et industrielles d'Europe.

L'annonce de la fermeture a jeté la consternation à Escaudœuvres où le personnel a immédiatement bloqué l'accès au site, qui fêtera d'une drôle de façon cette année le cap des 150 ans. « Il est hors de question que la sucrerie d’Escaudœuvres soit sacrifiée après tant d’investissements du groupe, des coopérateurs et des salariés  », déclare de son côté Nicolas Siegler, président de la communauté d'agglomération de Cambrai, rapporte la Voix du Nord. Une position d'autant plus ferme que l'impact socio-économique de cette décision doit aussi se mesurer à l'aune des sous-traitants et de tout l'écosystème sucrier.

Une lettre ouverte au préfet de région Georges-François Leclerc, signée par un aréopage de six élus régionaux de poids dont Xavier Bertrand et Christian Poiret demande une réunion d'urgence. "Nous souhaitons qu’une réunion puisse se tenir, en urgence, sous votre autorité avec l’ensemble des acteurs de ce dossier, en associant bien sûr la direction de Tereos et les représentants des salariés afin d’évoquer les vraies motivations de la fermeture de ce site de production", indiquent-ils.

 

Le groupe coopératif Tereos est un géant mondial du sucre, mais aussi présent sur les marchés de l'amidon et de l'alcool. Il compte 12 000 coopérateurs, 44 sites industriels dans le monde avec 15 000 collaborateurs. Sur son dernier exercice 2021-2022, Tereos a dégagé un chiffre d'affaires de 5,1 milliards d'euros.