Espaciel : fiat lux !

Ambition européenne pour Alexi Hervé. Depuis l'incubateur Tonic partagé par l'Ensam, Centrale et Skema, où il est hébergé depuis avril 2011, son projet Espaciel espère rayonner dans tout le vieux continent. L'enjeu de cet objectif pour le moins audacieux : un déflecteur (photo ci dessous), qui apporte à moindre coût à l'intérieur des logements ou des bureaux la lumière naturelle.

Dans le contexte général de crise, le pari de devenir leader des solutions d'optimisation de fenêtres pourrait paraître démesuré. Mais l'homme n'est pas de nature excessive. Le projet a d'ailleurs séduit les experts puisque "Espaciel" a décroché le premier prix de l'éco-innovation au dernier salon Environord, en juin dernier. Ingénieur gadzarts, cet homme de 33 ans a cumulé dix ans de carrière dans le second œuvre, dont une partie à l'international, après avoir effectué sa coopération militaire à Shanghaï. Installé à Lucerne (Suisse), il y gérait le développement de son groupe dans les pays émergents, avant de prendre la direction marketing produits en France. Puis une recherche personnelle l'a conduit à mettre au point ce principe de déflecteur et à en faire un projet d'entreprise. Le principe : grâce à un dispositif ingénieux de miroirs, les rayons du soleil reçus par les volets sont projetés à l'intérieur.Soit un potentiel annuel d'environ 200kWh selon l'orientation et ceci sans nécessiter de lourds travaux de rénovation. L'amplification du flux de lumière naturelle est de l'ordre de 30%, améliorant le " Facteur Lumière Jour (FLJ)" jusqu’à 10%, même en hiver. Un vecteur aussi d'économie de chauffage grâce au rayonnement infrarouge renforcé. Sans compter le sentiment de confort et de bien-être, difficilement mesurable mais fondamental. L'engouement pour la luminothérapie, venu des pays scandinaves en déficit saisonnier de lumière, est là pour le rappeler. Bref, le projet a tout pour plaire, y compris un prix très accessible de l'ordre de 350 euros par ouverture.

Alexi Hervé, qui étudiait plusieurs choix d'implantation entre Bruxelles, Rotterdam et Paris, a finalement été convaincu par l'Apim lors d'une rencontre fin 2011 de s'installer à Lille. Un choix pleinement assumé aujourd'hui. "Ce que j'ai trouvé ici et pas ailleurs, ce sont des contacts exceptionnels avec des gens qui avaient envie de s'impliquer. Mais aussi des réseaux qui fonctionnaient très bien avec des règles du jeu très explicites et des synergie entre les différents acteurs". Parmi les parrains bienveillants : l'incubateur, bien sûr, mais aussi le CD2E, ainsi que la Fondation Arts et Métiers, qui a apporté un écot de 10 K€. Et Alexi Hervé toque en parallèle aux portes des différents réseaux de soutien à l'entreprise.

 Un atelier dans la métropole

La société devrait être créée d'ici à la fin de l'année, mais les premières pré-séries sont déjà en cours, dont 20% ont été vendues. Un atelier sera installé sur la métropole lilloise – le site n'est pas arrêté, la société proprement dite devant voir le jour avant la fin de l'année. Alexi Hervé mène des négociations avec des organismes financiers et de capital développement. Il espère lever 200 K€ pour industrialiser son activité. Dans l'escarcelle, il apporte deux brevets déjà déposés et deux autres en cours. Pour donner de l'ampleur et de la visibilité à son dispositif, il recherche des partenaires professionnels (de type architectes, bailleur ou promoteur) pour mener des projets pilotes dans la région. A bon entendeur...

Olivier Ducuing