Feuille de route chargée pour le nouveau patron de Keolis Lille

Flambée de la facture d'énergie, recrutements massifs et objectif de retour aux fréquentations d'avant Covid : Franck Garçon, nouveau patron de Keolis Lille Métropole (Ilevia) a un menu plus que copieux.

 

Franck Garçon vient de succéder à Gilles Fargier à la tête de Keolis Lille Métropole (Ilevia). Avec un programme chargé pour ce pur produit maison, entré chez Keolis en 1991, et dont le profil financier sera fort utile pour appréhender les enjeux du grand opérateur de transport. Sa dernière fonction, depuis 2015, l'avait porté à la tête de la direction régionale Nord-Est de Keolis, déjà basée à Lille, soit un périmètre de 30 filiales et 3 000 personnes. Depuis le premier janvier, Keolis exploite du reste le réseau de transport du Valenciennois, un nouveau marché.

 

A la tête d'Ilevia, la première priorité vise à retrouver les niveaux de fréquentation d'avant Covid et repasser ainsi la barre des 200 millions de voyages par an. Le mouvement est déjà bien engagé, puisque le nombre de voyages est revenu l'an dernier à 90% du niveau de 2019. Le doublement de la ligne 1 de métro avec l'arrivée des futures rames boa (52 mètres de long) d'Alstom, qui fait l'objet d'un bras de fer très médiatique entre la MEL et le constructeur ferroviaire, devrait y contribuer fortement quand il entrera enfin en service. Mais pour le patron d'Ilevia, la situation est aujourd'hui satisfaisante, avec un taux de disponibilité du métro de 99,5%, soit un des meilleurs scores de l'Hexagone. Keolis déploie comme prévu un plan d'investissement global de 100 M€ sur le réseau (notamment en matière de digitalisation) sur la durée de sa concession, qui prendra fin en mars 2025.

 

Un budget énergie accru de 25 M€

 

Autre dossier brûlant pour le nouveau patron de Keolis Lille Métropole, l'envolée des coûts de l'énergie. Pour l'exploitant, la facture de gaz (qui alimente les bus) est multipliée par cinq, celle de l'électricité est quadruplée. Soit au total un surcoût de 25 M€ sur un an. Comment compenser ces charges exceptionnelles alors que les tarifs des titres de transport sont fixés d'avance ? « Ce sont des choses qu'on doit régler, c'est en cours de discussion avec la MEL», lâche Franck Garçon, qui souligne aussi le caractère stratégique des transports en commun en matière de pouvoir d'achat pour les usagers.

Or en parallèle, l'exploitant doit appuyer sur l'accélérateur de la transition énergétique pour se conformer à la loi, qui oblige les collectivités à acquérir une part de sa flotte en mode non carboné (électrique ou hydrogène). Les premiers véhicules électriques vont arriver dans le vieux Lille, mais l'hydrogène pose des problèmes de coût : celui des véhicules d'abord, qui atteignent 700 à 750 K€ contre 250 K€ pour leur homologue au gaz, puis celui du carburant. Car il faut de gros volumes d'électricité, aujourd'hui très coûteuse, pour produire l'hydrogène. « En terme de transition énergétique, il y a des choix qui ne sont pas rendus faciles », commente Franck Garçon.

 

L'emploi est l'un des autres dossiers en haut de la pile du nouveau dirigeant de Keolis Lille Métropole. Ilevia emploie quelque 2 800 personnes en direct ou via l'intérim. Mais le secteur est en tension dans tous les secteurs (chauffeurs, production, maintenance, ingénierie...), et l'entreprise vise 150 recrutements en 2023, un niveau largement supérieur à la moyenne. « On y arrive quand même, on est une belle entreprise, avec de l'attractivité », déclare son dirigeant. Il lui faut aussi préparer l'extension du réseau votée par la MEL, tant en tramway qu'en bus. Pour anticiper les besoins, dans le cadre de sa gestion prévisionnelle des effectifs, Ilevia s'apprête à signer dans quelques jours avec l'AFTRAL, organisme de formation, et va créer un CFA.