Grhyd : l'énergie renouvelable disponible en continu

L'énergie renouvelable est propre et vertueuse. Mais elle présente un défaut majeur : son intermittence. A Cappelle-la-Grande, un petit îlot de trois conteneurs gris bardés de haute technologie et de capteurs propose une solution inédite dans l'Hexagone : l'injection d'hydrogène vert dans le réseau de distribution du gaz. L'électricité verte est transformée en hydrogène par électrolyse de l'eau. L'hydrogène est alors stocké sous forme solide, très compacte (1 m3 contenu dans un « litre » de métal) et non gazeuse, sur la base d'une technologie de pointe développée par la start up McPhy. Et il est relâché ensuite dans le réseau de gaz naturel, pour alimenter les 100 nouveaux logements du quartier en construction (200 à terme) et un établissement de soins. Il aura fallu 15,3 M€ d'investissement, mais aussi un partenariat étroit entre 11 organismes ou entreprises, pour que ce démonstrateur puisse voir le jour. Baptisé Grhyd (contraction entre Grid, réseau intelligent, et hydrogène), le projet est coordonné par Engie (ex GDF-Suez) dont la directrice générale Isabelle Kocher est venue inaugurer l'équipement le 11 juin dernier. Soit quelques jours seulement après la présentation du plan Hydrogène par Nicolas Hulot.

Décarboner le réseau

L’enjeu stragique est énorme : « Il manque aujourd’hui un chaî- non pour pallier l’intermittence des énergies renouvelables que sont le solaire, l’éolien, etc. tout en décarbonant le système éner- gétique global. L'hydrogène vert est ce chaînon. cela se fera étape par étape et il faut le préparer », analyse la patronne d'Engie. Les premiers retours sont très prometteurs. Les tests ont permis de montrer qu'en injectant jusqu'à 20% d'hydrogène, les équipements ne rencontrent aucune difficulté. Mieux, la combustion des chaudières est meilleure, l'émission de C02 et d'oxyde d'azote abaissée. La puissance décline un peu mais est compensée par une hausse significative du rendement.

Ce démonstrateur tournera deux ans, produisant une quantité considérable de données aussi bien techniques qu'économiques mais aussi d'acceptation sociale. L'une des grandes questions est la faisabilité financière du schéma. Le système est vertueux quand on peut acheter l'électricité verte au prix le plus bas. Avec des avantages très importants en aval : l'intégration de gaz « verts » permet de décarboner le réseau, et de lui apportere la flexibilité.

Au-delà des deux ans de fonctionnement en grandeur réelle, trois scenarii sont ouverts pour la suite : l'arrêt pur et simple du démonstrateur et son démantèlement, la poursuite de l'injection sur la zone préétablie, ou son extension à un périmètre plus large en vue d'un déploiement industriel. « cette filière hydrogène est une piste plus qu'intéressante sur laquelle la région va se mobiliser », avait déclaré Philippe Rapeneau, son vice-président, lors de l'inauguration du site, avant sa disparition subite, cet été. « Petit à petit, l’hydrogène se substituera au ch4 (méthane) en toute sécurité » O.D.

 

UNE SOLUTION POUR LES PETITES LIGNES DE TRAIN ? 

Le conseil régional devrait formaliser sa candidature pour mettre en place des trains à hydrogène. Le concept figure d'ailleurs au rang des 10 grands projets rev3.

« Je vois là une solution pour les petites lignes jamais électrifiées et qui, demain, ne pourront plus rouler au diesel, lançait Philippe Rapeneau.Avec l'hydrogène, nous avons une piste ».

L'élu demandait un droit à expérimenter sur une ligne comme les Allemands le font déjà avec un train Alstom.

 

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