Imabiotech scrute les molécules de demain

L'homme est modeste. Jonathan Stauber n'est d'ailleurs pas venu solliciter Eco 121 pour obtenir un article sur lui et son entreprise. Depuis son petit bureau du bio-incubateur d'Eurasanté, le docteur en chimie moléculaire et biologie, formé à Lille 1, est pourtant à la tête d'une des start-up les plus prometteuses de la région. Spécialiste de l'imagerie pour les biotechs, Imabiotech vise ni plus ni moins à permettre aux majors de la pharmacie des économies de dizaines de millions d'euros dans le développement de leurs candidats médicaments. Comment ? La " spin off " du CNRS et Lille 1 maîtrise une technologie relativement récente d'imagerie basée sur la spectrométrie de masse, sur laquelle elle a développé des algorithmes et des logiciels bien à elle, qui ont déjà donné lieu à trois brevets internationaux. Un dispositif par balayage laser qui permet de visualiser avec une précision exceptionnelle toute la composition moléculaire d'un tissu, jusqu'au dosage dans chaque organe. En clair : on sait immédiatement si un médicament atteint son objectif ou pas et à quel niveau, de quoi éliminer très en amont des molécules sans intérêt.

Née en 2009 de l'association de Jonathan Stauber, fort de deux ans d'expérience professionnelle dans l'imagerie à Amsterdam, avec les professeurs lillois Michel Salzet et Isabelle Fournier, son épouse, Imabiotech a connu une maturation lente, avec de nombreux parrains et bonnes fées : lauréat des entreprises innovantes en catégorie émergence puis création-développement, lauréat du réseau Entreprendre Nord, de LMI, soutenu par Cré-Innov, par Eurasanté, Imabiotech a également accueilli à son tour de table Finorpa et Inovam (pour 360 K€).

Après une phase de maturation, la société désormais membre du pôle de compétitivité NSL monte en régime. Depuis un an, elle a embauché sept personnes (docteurs et ingénieurs). Elle va investir un million d'euros dans deux nouveaux spectromètres de masse en 2012. Elle compte aussi muscler son top management et notamment sa force commerciale pour un marché par nature mondial. Dans les 18 mois, la société vise les marchés émergents et les USA. Les clients d'Imabiotech sont déjà parmi les majors mondiaux. Le chiffre d'affaires devrait suivre vite : de 300 K€ en 2011, il doit passer à 750 K€ l'an prochain. L'entreprise, déjà valorisée à quelque 6 M€, espère notamment signer un accord majeur de licence avec un constructeur de rang international de matériel d'imagerie. Cette croissance s'accompagnera en 2012 d'une levée de fonds d'1 M€, auprès d'un investisseur national ou international, pour accroître la visibilité de la société.

Imabiotech a aussi de grosses perspectives dans le domaine du diagnostic médical. Elle espère commercialiser à l'horizon 2014 un logiciel permettant d'anticiper les diagnostics en médecine hospitalière, en particulier sur les pathologies cancéreuses.