Le belge Agristo va créer une usine de frites sur l'ex sucrerie Tereos

Escaudœuvres. L'arrivée du groupe familial flamand signe une sortie par le haut de la fermeture de la dernière sucrerie nordiste de Tereos. 350 emplois à la clé.

 

"Notre relation a démarré de façon un peu tendue... Mais vous avez fait le boulot ». Le ministre de l'industrie Roland Lescure est venu le 28 août sur l'ancienne sucrerie Tereos d'Escaudœuvres, en périphérie de Cambrai, pour présider la signature d'un protocole d'accord très important entre Tereos et le belge Agristo. Ce dernier, qui appartient au top 3 de la frite surgelée, a annoncé sa volonté de reprendre le site pour y construire une grosse unité de transformation de pommes de terre surgelées, sa première en France. Soit le rachat des 20 hectares et la création d'une usine capable de produire 300 000 tonnes de pommes de terres transformées et surgelées par an (frites, croquettes, purée, gratins...), à partir d'une base d'un demi million de tonnes.

L'industriel annonce une perspective flatteuse de 350 créations d'emploi à terme, à rapporter aux 123 emplois directs perdus par la sucrerie. On rappellera que Tereos conserve sur place une activité logistique et de support qui assure pour l'heure 42 emplois.

« La France est notre deuxième marché. Elle est rapidement apparue comme une évidence et plus particulièrement dans le Nord (pour une implantation), territoire d'exception pour la culture des pommes de terre, couvert par les connexions logistiques et proche de notre siège belge », a déclaré le Pdg du groupe Kristof Wallays, qui se dit «convaincu du formidable potentiel de ce site ». Notre zone entre Benelux et Nord de la France affiche des rendements de l'ordre de 80 tonnes à l'hectare, parmi les meilleurs au monde, quand l'Asie arrive péniblement à 20 tonnes. Agristo compte travailler avec une centaine d'exploitants dans un rayon de 70 km alentour. Compte tenu des délais de construction, les chances d'avoir des salariés Tereos chez Agrosti semblent inexistantes, mais le groupe sucrier s'est engagé à trouver une solution à l'ensemble des salariés. Signe du retour de la paix sociale, le PSE a été signé à l'unanimité en juin dernier, avec de fortes mesures d'accompagnement dont une prime de pretium doloris de quelque 40 K€.

Pour autant, le président de Région Xavier Bertrand n'a pas hésité publiquement à tancer l'attitude de Tereos sur cette « décision brutale non concertée. Je ne suis pas le seul à ne pas l'oublier », a-t-il taclé, soulignant par ailleurs que « nombre de questions sont encore en cours ». Parmi celles-ci, l'approvisionnement du site en eau, son accès, la dépollution, la hauteur des bâtiments...

L'élu régional s'interroge aussi sur la pérennité des emplois logistiques de Tereos et en appelle à la mise en place d'un comité de suivi. « Quand les caméras, les micros et les calepins seront partis, ce qui a été dit sera-t-il réalisé ? », interroge-t-il. Le ministre s'est quant à luiréjoui du processus de réindustrialisation du pays, l'industrie étant gage selon lui de prospérité, d'adossement denotre modèle social et de grandeur du pays.