Le patron d'Euratech doit être révoqué ce vendredi

Les actionnaires d'Euratechnologies doivent se prononcer le 2 septembre sur la révocation de son dirigeant depuis juillet 2021, Nicolas Brien. Martine Aubry, présidente du conseil de surveillance, pointe « un comportement managérial hautement préoccupant ».

Un conseil de surveillance d'Euratechnologies est convoqué ce vendredi 2 septembre avec un seul ordre du jour : la révocation du président du directoire, Nicolas Brien, déjà mis à pied depuis le 29 août. Le moins que l'on puisse dire est que la rentrée de notre grand incubateur numérique s'opère dans la douleur. Dans un courrier au vitriol adressé au futur ex-patron d'Euratech, la présidente du conseil de surveillance Martine Aubry rappelle un premier entretien avec lui le 3 juin dernier, pour pointer un « comportement managérial nous paraissant hautement préoccupant  pour Euratechnologies». Parmi les nombreux griefs énoncés, des décisions remises en causes régulièrement, des « changements incessants d l'organisation », et in fine, un « comportement erratique » qui « s'est traduit par une déstabilisation de la très grande majorité de (l') équipe », avec de nombreux arrêts et départs « nuisant évidemment au bon fonctionnement et même au fonctionnement tout court de la structure ».

Martine Aubry relève dans ce même courrier que c'est elle-même ainsi que son adjointe Audrey Linkeheld qui ont été amenées à prendre en main en direct les échanges et travaux préalables à la grosse opération d'augmentation de capital (24 M€) intervenue fin juin, et permettant entre autres l'entrée de l'AFM et d'Entreprises & Cités. La maire de Lille reproche très directement à Nicolas Brien d'avoir cherché à se faire valoir dans la foulée auprès de la presse « malgré des consignes strictes de ne pas communiquer avant les annonces des partenaires privés et les délibérations des actionnaires publics ».

Martine Aubry dénonce encore le manque de transparence du président du directoire vis-à-vis d'elle-même comme du conseil de surveillance sur différents sujets, dont celui de la démission de la directrice générale déléguée.

L'élue souligne qu'aucun changement de comportement n'est intervenu depuis le 3 juin et que de nouveaux départs ont frappé l'équipe tandis que « de nouvelles manifestations de l'instabilité (du) management ont été rapportés en interne et en externe ».

 

« Crise existentielle »

La rupture est donc brutale, mais n'apparaît pas comme une immense surprise. Arrivé en juillet 2021 pour succéder à Raouti Chehih, Nicolas Brien, 32 ans, diplômé de l'IEP Paris, affichait un parcours politique qui l'avait par exemple conduit au cabinet de la ministre Najat Vallaud-Belkacem ou encore à la tête de la fédération du PS de l'Allier. Il avait ensuite dirigé l'association France Digitale, où il revendiquait des résultats spectaculaires. Mais des fuites relayées par le quotidien Les Echos en janvier, sous le titre « Crise au sommet de l'incubateur iconique » faisaient état d'un rapport ayant conclu à un « harcèlement moral managérial » au sein de France Digitale, tandis que de nouvelles turbulences apparaissaient au sein d'Euratech, liées à la fois au management et à de nouvelles dispositions contestées dans la gestion de la structure.

La Voix du Nord avait elle-même rapporté en mars un climat de « malaise social » et de « crise existentielle », avec le départ de plusieurs cadres. Pas de quoi bouleverser les actionnaires d'Euratech qui à l'époque avaient maintenu leur confiance au nouveau dirigeant.

Le départ attendu de Nicolas Brien – contacté, il ne souhaite pas prendre la parole avant vendredi - ouvre en tout cas une nouvelle période de flottement pour Euratech, qui n'a plus le droit à l'erreur pour lui trouver un successeur qui fasse le consensus des associés anciens et nouveaux de ce temple du numérique, et qui permette de remobiliser des équipes très secouées.