L'ETI du mois : Fichaux Industries,« Les valeurs des socie?te?s familiales retrouvent un inte?re?t »

Vous êtes concurrencés par des géants mondiaux et vos clients sont aussi des majors de la grande distribution Comment parvenez-vous à tirer votre épingle du jeu ?

GM : C'est un des ressorts de notre association. Le fait d'e?tre ensemble fait que nous avons plus de clients communs, mais aussi une plus grande diversite? de clients, qui se disent qu'il y a un inte?re?t a? travailler avec nous : nous avons la capacite? de re?pondre a? leur demande. Comme Pme importante, nous repre?sentons de?sormais une alternative pour nos clients, dans notre me?tier ou? la plupart de nos concurrents sont des multinationales : Sara Lee, Lavazza, Mondelez (Ex Kraft Suchard Jacobs).

La dimension familiale est- elle un plus ?

DR : Les valeurs amene?es par les socie?te?s familiales retrouvent un inte?re?t pour tout le monde. On a pu les trouver ringardes a? une e?poque, aujourd'hui on leur trouve des vertus. Quand il y a des difficulte?s e?conomiques, elles re?sistent d'ailleurs mieux aux crises. Quand il y a deux ans, le prix du cafe? a triple?, nous avons eu des difficulte?s de tre?sorerie car des clients payaient a? 60 jours, et les banques n'ont pas eu de re?action rapide. Eh bien ce sont les actionnaires familiaux qui ont pre?te? de l'argent a? l'entreprise !

GM : C'est vrai que les entreprises familiales e?taient conside?re?es comme paternalistes, vieillissantes, pas oriente?es vers les techniques modernes de marketing. Mais leurs dirigeants ne sont pas plus be?tes que les autres ! Ces techniques, on les utilise ! Ge?rard Mulliez, chez Auchan, il est tre?s paternaliste !

Estimez-vous que les pouvoirs publics sont suffisamment présents derrière les ETI comme la vôtre ?
GM : Nous ne sommes pas du genre a? que?mander. Mais de plus en plus, les pouvoirs publics se rendent compte qu'une Pme familiale de 230 personnes dans une re?gion, c?a a une importance. Beaucoup d'entreprises a? 200, 500 ou 1000 personnes, c?a fait du monde ! Or ces entreprises sont soucieuses de ne pas licencier, gardent leur personnel, font vivre leur re?gion.

On dit beaucoup que la France manque d'ETI. Quel est pour vous le principal frein ?

GM : On parle beaucoup des charges sociales. Mais dans tout le sche?ma administratif, il y a beaucoup de contraintes : les contro?les, les enque?tes auxquelles il faut re?pondre, les inspections de divers organismes qui ve?rifient nos me?thodes ou nos installations. Tout cela prend e?norme?ment de temps. Je trouve aussi qu'en France, les pouvoirs publics ont une fa?cheuse tendance a? apporter leur soutien aux entreprises qui ne marchent pas. On re?serve les fonds aux entreprises en difficulte?. En Allemagne ou en Italie, les ETI ont beaucoup plus de soutien.

DR : Pour moi le proble?me le plus important est le poids des re?glementations. Il devient tre?s cou?teux en temps et financie?rement de tout respecter.

Visitez les coulisses de l'usine de fabrication grâce à notre photoreportage en cliquant ici.

La transmission des entreprises familiales est-elle toujours un proble?me ?

GM : Quand vous voulez transmettre, vous avez les impo?ts et les plus-values. Avant notre association, les actionnaires chez Fichaux et Me?o e?taient dirigeants et mandataires sociaux, donc exempte?s d'ISF. Depuis, le capital a change?, on a du mettre en place un pacte Dutreil pour e?viter ces impositions, mais on n'y e?chappe pas comple?tement. En France, de?s qu'on gagne de l'argent, ce n'est pas bien. Je me souviens avoir e?te? choque? il y a quelques anne?es quand il y a eu un tolle? au pre?texte que Total avait re?alise? des re?sultats records. Mais c'est un fleuron national ! Pour qu'une entreprise se de?veloppe, il faut qu'elle gagne de l'argent !

DR : Chez Fichaux comme chez Me?o, on a toujours re?investi l'essentiel des be?ne?fices, les dividendes ont toujours e?te? extre?mement modestes.

Recueilli par Olivier Ducuing