MEL : Damien Castelain réélu … malgré la Chambre des comptes

Pour plusieurs observateurs interrogés, c'est sans doute une première nationale. La chambre régionale des comptes a quitté le terrain feutré et discret de ses enquêtes financières pour s'inviter directement dans le champ politique. Pour plusieurs observateurs interrogés, c'est sans doute une première nationale. La chambre régionale des comptes a quitté le terrain feutré et discret de ses enquêtes financières pour s'inviter directement dans le champ politique.

La chambre régionale des comptes s'est invitée avec force dans l'élection du nouveau président de la MEL, le 9 juillet. La séance avait lieu à 10 h à Lille Grand Palais pour des raisons sanitaires. A 10h02, la Chambre des comptes envoyait un communiqué de presse assorti d'un lien vers son rapport sur la MEL dont le fameux Biotope. Damien Castelain a toutefois été réélu avec 68% des suffrages.

Pour plusieurs observateurs interrogés, c'est sans doute une première nationale. La chambre régionale des comptes a quitté le terrain feutré et discret de ses enquêtes financières pour s'inviter directement dans le champ politique. En question, le dernier rapport de la chambre établi sur la MEL, et notifié dans sa version définitive à l'intercommunalité le 29 juin. Selon les magistrats, il devait donc « être inscrit à l'ordre du jour de la plus proche assemblée délibérante de la MEL, soit ce jeudi 9 juillet 2020. Tel n'est pas le cas, ce qui est regrettable », écrivent les magistrats dans un communiqué de presse envoyé aux médias à 10h02, deux minutes après l'ouverture officielle de la séance d'installation du nouvel exécutif de la MEL, sous la présidence du doyen d'âge, Jacques Pastour. Mieux, la chambre des comptes assortissait le communiqué d'un lien vers le rapport en question, plutôt élogieux sur la gestion de la MEL (avec une capacité de désendettement de 3,75 années, notamment), mais très critique sur le nouveau siège de la MEL, l'immeuble Biotope, voisin du conseil régional. Dans leur communiqué, les magistrats financiers se focalisent exclusivement sur ce dossier et réitèrent plusieurs critiques dont le fait que la décision de cession du siège précédent et la prise à bail du Biotope se sont effectuées « avant toute présentation ou explication devant l'assemblée délibérante ». Ils ajoutent que le montant de l'engagement, soit 144,8 M€ sur une durée de 18 ans, « présente pour le moins un caractère significatif pour cet établissement public ». L'immeuble Biotope avait été pressenti initialement pour accueillir l'Agence européenne du médicament.

Cette publication concomitante à l'élection du président de la MEL a donc créé un (petit) incident de séance, le maire d'Herlies Bernard Debeer demandant, en vain, l'adjonction du rapport à l'ordre du jour. Un président de juridiction interrogé par Eco121 était très dubitatif sur la méthode de la chambre des comptes, qui selon lui a débordé de son rôle pour interférer ouvertement dans le temps et dans le champ politiques, et pour qui la présentation d'un rapport de la chambre des comptes n'a pas sa place dans une séance d'installation de n'importe quelle collectivité. Un sujet de beau débat entre publicistes. Néanmoins, le fameux rapport sera bien inscrit à l'ordre du jour de la prochaine séance plénière, le 21 juillet prochain. Nous y reviendrons en détail.

L'élection n'a quant à elle été qu'une formalité contrairement à la précédente il y a six ans. Malgré le choix du groupe Métropole Avenir, « macronien », de porter ses suffrages sur la candidature de Rudy Eelegest (div gauche, maire de Mons-en-Barœul), et malgré le vote blanc de plusieurs membres du groupe Métropole Passion Communes, il n'aura fallu qu'un tour à Damien Castelain pour être réélu avec plus des deux tiers des suffrages, devant son rival Rudy Eelegest (25,8%) et la troisième candidate, Pauline Segard, pour EELV (6,2%).

La désignation des 20 vice-présidents et 7 conseillers communautaires délégués a quant à elle marqué une nette inflexion dans la gouvernance de la MEL. Le consensus n'est plus de mise et les opposants pour l'élection se retrouvent hors de l'exécutif. Damien Castelain, qui a réservé ses premiers mots pour ses proches et sa famille, impactés par le climat d'affaires médiatico-judiciaires, s'est voulu très volontariste face à la crise économique. «Il est temps de se mettre au travail, les Métropolitains nous attendent ».

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