Repris par ses dirigeants, Mov'Ntec succède à Lenze

Ruitz. Sous l'égide de Francis Kopp et Antoine Cumin, l'usine de motoréducteurs et de variateurs repart et vise le marché de l'électro-mobilité.

Le symbole était fort : le 8 février dernier, c'est au cœur même de l'usine Mov'Ntec que s'est tenu le FEAL (Forum on European Automotive Industry in Lille), une manifestation qui réfléchit depuis plusieurs années sur l'avenir de la filière automobile. Mov'Ntec, nouveau nom de l'usine Lenze, incarne bien ce pari de l'électro-mobilité dans lequel s'engouffre l'automobile régionale. C'est il y a un an, début 2022, que le groupe familial allemand Lenze (3 500 salariés) annonce au directeur du site nordiste – sa seule usine française, au demeurant - Francis Kopp son intention de se désengager pour se recentrer sur ses entités autrichienne et allemande. Un choc pour cette entité de 120 personnes pour 65 M€ de chiffre d'affaires – dont moins de 15% pour l'automobile, implantée depuis 2004. Appuyé par la filière automobile via l'ARIA, et accompagné par Lenze, le dirigeant s'est associé à Antoine Cumin, directeur commercial pour monter un LBO avec une dette bancaire sur 7 ans, qui s'est concrétisé le 1er août 2022. Avec une ambition affirmée, celle de prendre le virage de l'électro-mobilité. Une opération qui n'est rendue possible que par le maintien des commandes de Lenze sur cinq ans, permettant à l'usine de réaliser sa transition en douceur : les volumes de Lenze dans l'électronique de puissance, la motorisation et la mécanique, seront préservés à 100% pendant trois ans avant de disparaître en sifflet. Cet engagement a permis de reprendre l'intégralité des 120 emplois.

Et l'entreprise engrange déjà les premiers fruits de sa diversification: « Nous démarrons un premier projet avec une start up incubée par Rev3, Swoop Energy », se félicite Francis Kopp. L'entreprise roubaisienne crée des sortes de générateurs électriques sans moteurs, grâce à l'assemblage de batteries usagées.

"Toute la chaîne cinématique"

« Elles ont encore 80% de leurs capacités », observe Francis Kopp. Pas de quoi remplacer les productions existantes, mais une première voie pour chercher de nouveaux marchés, notamment dans l'univers des ONG, des pompiers ou autres structures d'urgence qui ont besoin de capacités électriques autonomes sur des lieux de sinistres. Un tout premier lot de générateurs de 6 000 W, sous forme de valises à roulettes devait partir pour l'Ukraine courant février.

Au-delà de cette première concrétisation Mov’Ntec – un nom de baptême choisi par les salariés eux-mêmes, qui évoque tout à la fois la mobilité, l'innovation et l'énergie verte – a des ambitions plus larges. « C'est un pari. Nous voulons proposer à moyen terme toute la chaîne cinématique * de l'électro-mobilité, de la trottinette à la moto en passant par les AGV et jusqu'au retrofit. Nous avons les compétences, il faut prendre les marchés », lance le dirigeant.

*moteurs, groupes électriques, électronique de puissance...