Spécial Valenciennois : portraits d'un territoire

L'INDUSTRIE QUI GAGNE

Deprecq : Antoinette Cousin consolide sa stratégie
A 47 ans, la Raismoise est à la tête de Deprecq, fournisseur des grands constructeurs ferroviaires. Son coeur de métier : les ensembles complexes mécano-soudés telles les cabines de conduite de trains. Celle qui avait pris la voie du commerce international, rejoint à 30 ans l'entreprise créée par son arrière-grand-mère, proche du dépôt de bilan. Elle reconcentre le capital, disséminé entre 40 cousins et cousines, pour devenir seule actionnaire en 2001. Machines à commande numérique, bureaux d'études et de méthode... son arrivée oriente la Pmi vers la tôlerie fine. De 700 KE en 1994, le CA atteint 6 ME en 2010 avec 47 salariés. Et pour consolider l'entreprise, Antoinette Cousin vient de reprendre sur fonds propres la SAEP à St-Amand, spécialisée dans la grosse mécano-soudure : des pièces pouvant atteindre 22 mètres de long. Cette offre très complémentaire lui permet d'aborder la diversification. Avec près de 150 salariés désormais, Deprecq vise les 18 ME de CA en 2012, " année du développement technologique et commercial ".

Christian Hoffmann ressuscite la métallurgie à Denain
Installée à Denain en 2004, la GTM France symbolise la renaissance de la métallurgie dans le Valenciennois. Présidée par Christian Hoffmann, la Pmi de 48 salariés fournit les barres d'ancrage des ports, ponts, tunnels... en Europe et dans le monde, avec 15 % du CA (9,5 ME en 2011) réalisés dans " les pays tiers " : Australie, Malaisie, Corée du Sud, Inde ou Mexique. Depuis septembre 2010, une nouvelle installation de trempe par induction (5,5 ME d'investissements) offre " un avantage considérable " en qualité et possibilités de traitements : des barres jusqu'à 15 m et 260 mm de diamètre - et au-delà à partir du printemps 2012 grâce à un nouvel investissement. Denain offre à la GTM l'accès à quatre ports et une proximité avec l'Allemagne (35 % du CA), pays d'origine du dirigeant. Il ne regrette qu'une chose : l'enlisement de son projet d'embranchement fer. " Tout est prêt de mon côté mais la SNCF fait tout pour empêcher le fret sur le réseau français ! " Sur ce plan, pour une fois, la GTM France est impuissante.

DYNAMIQUE TERRITORIALE

Stéphane Meuric aux manettes du Technopôle
The right man at the right place. Polytech Lille, premier directeur du C3T - centre de tests dédié aux transports terrestres de l'UVHC -, ancien directeur du centre d'innovation Ciel, un des artisans de la SATT Nord de France - ce booster à entreprises innovantes... le directeur de l'association Technopôle du Valenciennois doit mettre en place, développer et promouvoir ce hub dédié à la mobilité et au transport durable.
Le Technopôle ? Un site emblématique de 34 ha où se retrouveront jeunes entreprises innovantes, Pme et grands groupes autour d'iTrans, de l'AIF, de 12 labos réunissant 200 chercheurs, d'un nouveau C3T aux équipements complémentaires... Dès 2012, un campus provisoire accueillera les premières équipes et porteurs de projets. Les entreprises frappent déjà à la porte.

Daniel Coutellier
L'ENSIAME joue l'international
Professeur des universités en génie mécanique, Daniel Coutellier dirige depuis 3 ans l'ENSIAME. L'école d'ingénieurs de l'UVHC est au coeur des grands enjeux de développement du territoire. Ses 800 étudiants en cycle ingénieur (sur 1 000 au total, dont plus de 10 % d'étrangers) se répartissent pour 60 % dans les transports et 20 % dans l'énergie. Le partenariat international y est très fort, notamment avec l'Allemagne, mais aussi l'Asie ou le Brésil avec des doubles diplômes. 2011 a même initié un parcours en anglais sur la thématique transport pour attirer les non-francophones. L'enjeu ? Monter un cursus international. L'école, qui couvre tout le cycle de vie d'un produit, précurseur en matière d'énergie solaire et d'éco-conception, veut " reprendre de l'avance sur de nouvelles niches ".

ZFU : 4 programmes tertiaires en 2012
Plus de 850 entreprises et 2 000 emplois. Néoval, qui s'étend sur 600 ha entre Valenciennes, Anzin, Raismes, Beuvrage et Bruay-sur-l'Escaut, affiche un beau bilan. Au moment où se discute la prorogation des exonérations en ZFU, près de 90 % des surfaces disponibles sont occupés. Après 14 programmes immobiliers réalisés, quatre sont attendus en 2012. Sur les 200 dernières demandes, 45 % concernaient des créations, autant des transferts depuis l'arrondissement et 10 % (en évolution) des implantations. Portée par l'Agglo, la CCI Grand Hainaut et la Chambre de métiers, Néoval accueille à égalité tertiaire et artisanat. Son club d'entreprises, Optimis, réunit 85 dirigeants autour d'actions telles qu'un PDE ou un projet de bilan carbone.

DES JEUNES QUI MONTENT

Abdel Halitim innove dans la gestion documentaire
Akao Informatique, à Anzin, a connu une croissance de 85 % entre 2006 et 2010 qui lui a permis d'être classée au dernier Deloitte Technology Fast 50. Créée en 2002, la Pme de 10 salariés dirigée par Abdel Halitim développe des logiciels de gestion documentaire et optimisation des flux d'informations basés sur une technologie web. Elle a atteint le million d'euros de CA en 2010, a réalisé cette année 200 K d'investissements en R&D et recrutera 7 personnes en 2012. Sa marque Akao Life, dédiée aux produits packagés depuis cette année, pourrait déjà atteindre 700 K de CA en 2012. Et le jeune dirigeant vient de se lancer au Maghreb en créant une filiale à Casablanca, appuyé par des partenaires locaux. Il est aujourd'hui en quête d'investisseurs pour accompagner son développement, une discussion avec Finorpa est en cours.

Enrico Cerbo compose avec la F1
Le sport automobile est sa passion. A 33 ans, Enrico Cerbo vient de créer avec sa compagne Yanara Technologies, vouée au développement de pièces composites pour la F1. Technicien chez Red Bull Technology en Angleterre puis Toyota Motorsport F1 à Cologne, l'Italien a aussi dirigé le département assemblage composite chez Minardi F1 Team. Sa rencontre avec Karine Parmentier, amandinoise et ingénieur Estech Paris, scelle son projet : créer dans le Valenciennois une unité d'ingénierie de pièces en fibre de carbone utilisant des techniques dérivées de l'aérospatial. Ce marché promet d'exploser d'ici 2017 avec des applications aussi dans le transport, le design, le médical... La Pme lauréate du Réseau Entreprendre Hainaut, implantée à Anzin, intégrera le Technopôle. Mi-2012, Karine rejoindra l'effectif et 7 embauches sont programmées.

LES RESEAUX

Le Hainaut des pros de l'info
Les journalistes et communicants du Hainaut devaient auparavant se rendre à Lille pour échanger avec leurs pairs dans un cadre convivial. A 47 ans, Marie-Annick Wozniak, journaliste du cru, a monté le Club Presse Communication du Hainaut, qu'elle copréside depuis le printemps dernier avec Maxime Parent, attaché de presse. Ils sont 60 à avoir déjà rejoint le réseau, parrainé par un local : l'acteur Pierre Richard himself ! La soirée de lancement a réuni le bureau de l'asso (photo) et 120 personnes au stade du Hainaut. Le club propose notamment des rendez-vous chaque premier vendredi du mois, à Valenciennes mais aussi pourquoi pas à Denain, Avesnes ou Saint-Amand : il se veut nomade, et transfrontalier.

Conseil de développement : des idées à la pelle
Le " Club des gens malins " est une initiative du Conseil de développement de la Porte du Hainaut, réseau d'acteurs de la société civile, présidé par Didier Cousin. Ce club d'entrepreneurs a vocation à parrainer des dirigeants et à créer des occasions de rencontre. Parmi elles : un " business dating " biannuel, dont la 4e édition vient de se tenir, et un " job dating ", qui vient d'être lancé. A 47 ans, Amandinois de coeur, Didier Cousin est un président volontaire qui revendique au Conseil du développement (90 membres) le rôle de boîte à idées. Il s'investit auprès des jeunes en organisant des débats dans les lycées sur des questions de société (formation, emploi, solidarité, politique, etc.). Une synthèse de ceux menés depuis deux ans sera livrée cet été.

Capital-développeur de proximité
En un an d'existence, Grand Hainaut Expansion a versé huit dossiers. Ce fonds créé par l'IRD avec la CCI Grand Hainaut, intervient pour renforcer les fonds propres des Pme-Pmi des arrondissements d'Avesnes, Cambrai et Valenciennes, " à potentiel de croissance, en phase de création, développement ou transmission ".

UN PÔLE SANTÉ ENTIÈREMENT RÉNOVÉ

Avec 4 500 feuilles de paie chaque mois, le centre hospitalier de Valenciennes est le premier employeur du territoire. En 10 ans, plus de 500 emplois y ont été créés, les effectifs médicaux se sont étoffés grâce à la nouvelle dynamique du territoire " il y a dix ans, on avait du mal à recruter ", se rappelle son directeur Philippe Jahan. C'est aussi un établissement presque entièrement remis à neuf, pour 500 ME d'investissements sur les 12 dernières années.

500 ME en 12 ans
Pour autant, après un exercice 2010 excédentaire, 2011 voit rouge. Et Philippe Jahan de citer la charge du remboursement de la dette (22 ME / an) ; la "convergence tarifaire" qui induit une baisse des recettes alors que les crédits liés aux missions d'intérêt général diminuent ; le départ en retraite de grosses pointures qui pèse sur l'activité du pôle chirurgie... Un "mini-plan d'ajustement des effectifs" est en cours, soit le "non-remplacement systématique des contractuels partant", en accord avec les chefs de pôle une trentaine de postes. Le CHV n'est pas épargné non plus par les emprunts "toxiques", mais un seul a été identifié comme tel pour 11,5 M. "On va le renégocier en allongeant sa durée, sans impact sur le quotidien", commente le directeur, qui veut rester optimiste : "après les investissements réalisés, nous devrions objectivement croître".

CULTURE & LOISIRS

Romaric Daurier donne le cap au Phénix
Ouverture et innovation. Ce sont les maîtres mots du projet du directeur de la Scène nationale de Valenciennes. Romaric Daurier, 35 ans, entame déjà sa deuxième saison à la tête du Phénix. Et son arrivée est loin de passer inaperçue : l'Annécien a dopé la fréquentation du théâtre de 26 000 à 40 000 personnes. Un saut permis par des initiatives telles qu'un service de crèche les soirs de spectacle ou la mensualisation de l'abonnement, une première en France. Ouverture aux entreprises aussi avec le Club Phénix Entrepreneur, qui permet de collecter une aide privée de 140 000 euros par saison ! Cet adepte des partenariats veut exploiter toutes les ressources du territoire : humaines avec ses " Ateliers nomades ", pour mélanger les publics et susciter la pratique, et numériques avec le " Folklore du web ", rencontres qui associent notamment Supinfocom.

Joffrey Dusol, l'homme de la nuit
Les nuits valenciennoises ? Oui elles existent ! Et c'est ce bientôt quadra (2e à g.) qui les incarne depuis plus de dix ans. A la tête de deux restaurants et d'un bar (30 salariés), le Valenciennois pur souche a concilié ses at- taches, sa formation en management et son goût pour le monde de la nuit. En 1995, il ouvre son premier bar à Douai. La vie nocturne n'est pas au rendez- vous : il le transforme en resto mexicain avant de dupliquer le concept en plein centre de Valenciennes en 1998. Le Coyote Café appartient aujourd'hui au paysage et a même essaimé en franchise. Pour prolonger la soirée, ses clients se rendent au Cuba Bar, ouvert près de la gare en 2000 avec deux associés, et un 3e depuis, devenu une véritable institution. L'ambiance latino attire les 25-35 ans. Et depuis 2008, la brasserie L'Envers sert les noctambules jusque 2h.

Didier Hochart, maître des jeux
Arrivé comme croupier en 1979 dans ce qui est alors un petit casino de ville thermale, Didier Hochart est devenu directeur général d'un complexe de loisirs de 270 salariés. Livré fin 2002, le Pasino (7 500 m2) a connu une progression régulière jusqu'en 2008, où le produit brut des jeux (57 ME) le place au 4e rang des casinos français. L'année est charnière : la crise, l'interdiction de fumer dans les lieux publics et surtout l'arrivée du Casino Barrière à Lille ont mis à mal les salles de jeux amandinoises. Mais la filiale de Partouche n'a pas tout misé sur elles. L'hôtel 3-étoiles de 60 chambres affiche un taux d'occupation de plus de 70 % et les quatre restaurants servent plus de 120 000 couverts par an. Complété d'une salle de spectacle ou d'un espace business, le " hors-jeux " représente aujourd'hui 20 % de l'activité.

ET AUSSI...

Impossible bien sûr d'évoquer tous ceux qui font l'économie du territoire ! Mais citons parmi d'autres Jean-Michel et Véronique Hiolle (Hiolle Industries), Patrick Labilloy (Sevelnord), Frédéric Przybylski (PSA et président de l'Aria), Laurent Sirot (Ecoburotic et Ecole de la 2e chance), Maxime Didier (B2S), Stéphane Dropsit (Réflexeau et CDJ Hainaut-Cambrésis), Virginie Foucault (Le Boulon), Eddie Koepler (président du Conseil de développement Valenciennes Métropole), Philippe Martinez (Lyreco), Christian Tonna (Bombardier Crespin), Gilles Kern (Alstom Petite-Forêt)...