Un DG recruté par les salariés ? Motoblouz l'a fait !

Le recrutement collaboratif fait ses premiers pas en France. Jusqu'à présent sur des fonctions d'encadrement. Eric Vandendriessche est le premier directeur général embauché par ce biais, chez Motoblouz

Chez Motoblouz, il n'y a pas que la moto qui décoiffe. Ce spécialiste des accessoires moto par Internet est devenu en quinze ans d'existence une des belles success stories régionales. L'entreprise de Carvin, emploie désormais 130 salariés pour un chiffre d'affaires de 50 M€. Elle vient de placer haut le curseur de l'innovation managériale, en choisissant d'associer les salariés à la désignation de leur nouveau directeur général Eric Vandendriessche (Eco121 n°90). Un « recrutement collaboratif » encore très expérimental en France, et jusqu'alors jamais appliqué pour choisir un directeur général. La phase de présélection est toutefois réalisée en amont entre le cabinet mandaté, en l'espèce les lillois Valeurs & Valeur, et l'actuel président et cofondateur, Thomas Thumerelle, qui cherchait un successeur. Sur une base de 6 personnes retenues (un candidat ayant été écarté par ce dernier, car éloigné de l'ADN), c'est un groupe projet de 8 salariés de l'entreprise - tous volontaires - qui a pris le relais. Un groupe très représentatif, avec des nouveaux, des anciens, des femmes et des hommes, une seule personne du Codir. « On a défini les critères d'un DG pour Motoblouz. On cherchait un successeur, il fallait qu'il soit aligné avec l'état d'esprit de l'entreprise », raconte le fondateur. Des critères qui ont ramené les prétendants au nombre de deux.

Tout s'est joué en une journée. Avec des jeux, des ateliers, des entretiens individuels, un débrief collectif. « On est venu casser tous les codes. ce n'était pas assis mais en mouvement, dans des situations différentes : individuelle, en binôme, en groupe, raconte Marie-Aude Tran, associée de Valeurs & Valeur. En fin de journée, les gens étaient sûrs de qui recruter ». Les actionnaires allemands, pourtant étonnés eux aussi de la méthode de recrutement, ont validé le choix des salariés.« Eric est arrivé sur un tapis rouge »,résume Thomas Thumerelle, dithyrambique sur le recrutement collaboratif. « Ça prend un peu plus de temps,  mais c'est tellement efficace que je recommencerais sans aucune hésitation, d'autant plus sur des postes importants ».

Ainsi recruté par ses futures équipes, le dirigeant ne risque-t-il pas de perdre en légitimité? « Il en a au contraire davantage, répond Laure Marchal de Valeurs & Valeur. Les échanges, d'égal à égal, sont tels que les équipes l'attendent, sont prêts à l'écouter. on ne regarde plus les « hard skills », mais les « soft skills » (compétences dures et compétences douces). » Et le groupe de travail se révèle ensuite un excellent ambassadeur de la décision collective auprès des autres salariés.

Le plus par rapport à un recrutement traditionnel ? « Dans un entretien de 20 minutes, on peut porter un masque. sur un créneau de 9 h à 17, c'est impossible ». Le coût est un peu plus élevé (25 K€ pour un dirigeant, 10 K€ pour un cadre), « mais vous avez un roI +++ », plaide Laure Marchal. La formule fait mouche au point que des demandes arrivent de grands groupes chez Valeurs & Valeur pour mettre en place des méthodes collaboratives en interne.

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