Aménagement du territoire : vers un axe majeur Lille-Dunkerque ?

Alors que le barycentre des très gros projets se déplace clairement vers la côte, le dernier Comité Grand Lille s'est interrogé sur le devenir de nos métropoles. Avec un tandem Lille-Dunkerque appelé à émerger.

 

Le dernier Comité Grand Lille du 15 septembre n'a pas fait dans la langue de bois. Devant un parterre de 350 décideurs, plusieurs grands élus régionaux ont planché sur le thème : « quel réseau de métropoles pour les Hauts-de-France ?» Une question dont l'acuité se fait plus forte avec les annonces récentes de projets majeurs qui vont tous s'implanter hors de la capitale régionale, dont beaucoup à Dunkerque : deux « gigafactories », Prologium et Verkor, la décarbonation d'ArcelorMittal ou les futurs EPR, pour n'en citer que quelques-uns. « On assiste à une période de transformation tout à fait étonnante, inédite », observe Jean-Pierre Letartre, président du CGL, qui liste 40 milliards d'investissements, plus que le Grand Paris. « Il faudra trouver des sous-traitants en région, il y a là un enjeu majeur pour le tissu économique régional ». Patrice Vergriete, président de la Communauté Urbaine de Dunkerque et nouveau ministre du Logement, a rappelé que ces implantations traduisent un travail de très longue haleine entamé dès 2014, et qui embarque l'intégralité des acteurs dunkerquois. « Il faut un potentiel à la base, mais un territoire, ça fonctionne quand tout le territoire est aligné.» Aujourd'hui, l'élu tend clairement la main à la métropole lilloise. «Le port de Dunkerque est le port de Lille ! Votre port n'est pas à Anvers », s'exclame-t-il, estimant que « l'hypermétropolisation est une erreur. Il faut rééquilibrer les pôles avec un projet de transport et de logement». Xavier Bertrand a tapé sur le même clou, plaidant vivement pour un axe Lille-Dunkerque.

« L'avenir, la clé, c'est Lille-Dunkerque. Ce rapprochement est indispensable, en termes de gouvernance. Qu'attendez-vous pour que le Comité Grand Lille devienne le Comité Grand Lille Dunkerque Littoral » a-t-il asséné. Non sans tacler au passage l'échec du transfrontalier, avec des Belges qui seraient plus désireux de défendre leur intérêt que de développer notre région. « On n'avance pas avec les Belges, on n'y arrive pas. Je crois qu'en fait, ils ne veulent pas », a renchéri Patrice Vergriete.

Sentiment de suffisance 

L'axe Lille-Bassin minier est-il toujours d'actualité ? Il reflète une vision du XXe siècle selon le nouveau minis- tre. Tandis que Xavier Bertrand se dit prêt à financer le projet de RER (9 Mds €) à condition que l'Etat et l'Europe s'engagent et seulement une fois que le barreau Creil-Roissy sera sur les rails. En l'absence de son président Damien Castelain, Francis Vercamer a estimé pour sa part que la MEL avait déjà dépassé les frontières administratives depuis longtemps, jugeant que le vrai problème est d'abord celui de la mobilité. Brigitte Fouré, maire d'Amiens, a rappelé quant à elle le traumatisme que fut la fusion des régions et le sentiment de déclassement, et se montre désireuse de nouer des liens avec les autres métropoles, dont Lille. «Encore faut-il un climat qui permette de travailler ensemble et de complémentarité entre nous ( ...), qu'il y ait aide et assistance et non pas un sentiment de suffisance comme il était d'usage de se comporter », a-t-elle grincé.