Christian Thomas : il a trouvé la pierre philosophale des déchets électroniques
Deux chemins se dessinaient devant lui : la recherche en astrophysique pure ou « une vie daventure ». Il aura emprunté le second en embrassant une carrière dans les mines. Exploration, production, prospection... « Jai fait tous les métiers », raconte l'actuel dirigeant de Terra Nova à Isbergues. Des missions exercées à travers le monde : Maroc, Brésil, Portugal, Nouvelle Calédonie à la recherche de cuivre, nickel, indium, germaniun Une vie de baroud « passionnante » pour cet X-Mines, maître en géologie, né en 1951 au Sénégal au hasard des affectations de son père militaire dans la coloniale. Retour en France au début des années 90 « pour donner une éducation européenne à mes enfants ». Il travaille alors pour Penarroya. En 2000, alors quil dirige Penox, premier producteur mondial doxyde de plomb, il prend la direction de la branche plomb de Metaleurop. « Un ensemble qui perdait de largent, redressé en changeant la technologie des usines ».
Business angel irlandais
En mai 2002, il est promu à la direction de Metaleurop Nord à Noyelles-Godault, avant un épisode dont la France entière se souvient. Il propose une nouvelle stratégie accompagnée dun plan social de 300 personnes. « Jai fait plusieurs plans sociaux dans ma carrière mais jai toujours fait en sorte que les gens soient bien traités. Avec intelligence, tout se passe bien », revendique cet humaniste, passionné d'ethnologie et grand lecteur de Lévi-Strauss. Sauf que lactionnaire américain Glencore ne lentend pas de cette oreille. « Jai été foutu à la porte en cinq minutes en juillet ». Et en mars 2003, par un simple fax de la maison-mère, Metaleurop Nord met la clé sous la porte, laissant 830 salariés sur le carreau. Les syndicats le rappellent alors quil pense déjà à la reconversion du site. Il pousse alors le projet Sita Agora. « Les sols étaient extrêmement pollués. On ne pouvait pas laisser cette bombe ». Il rejette même plusieurs offres d'emploi. Car il a, chevillée au corps, l'idée de monter sa boîte. Avec Michel Trabuc, cofondateur de TerraNova et d'anciens ingénieurs de Metaleurop, ils imaginent des procédés de traitements des métaux, qui seraient sans déchets ultimes, équilibrés sur le plan énergétique avec des émissions propres. « On se retrouvait au fond d'un café de Noyelles-Godault pour travailler », se souvient-il. Aidé par un business angel irlandais, sengage alors une course au financement. Six années semées dembûches, bousculées par la crise des subprimes, les défections de banques et autres enquêtes publiques. « Avec Michel Trabuc, ils forment un binôme intéressant, compétent avec des expériences internationales qui donnaient de la solidité à leur ambitieux projet » souligne un actionnaire financier.
4 M de capitaux supplémentaires
En 2009, les capitaux sont finalement réunis. La construction de lusine démarre en 2010 sur le site dArcelorMittal dIsbergues et lactivité est lancée lannée suivante. Pas moins de 18M ont déjà été investis dans cette usine qui traite 20 000 tonnes de déchets. Christian Thomas et ses 50 salariés peuvent déjà se targuer dêtre les seuls au monde à traiter des déchets complexes (cartes électroniques) pour en sortir des métaux stratégiques (tantale, or, argent et palladium). Leur chiffre d'affaires explose : 4 M en 2011, 17 M cette année, 40 M attendus en 2013 et ce dirigeant atypique vise rien moins que le demi milliard d'euros à l'horizon 2020 ! Deux investissements denvergure sont en cours. Limplantation dune usine similaire au Canada et la construction dune unité de traitement dite « phase 2 » à Isbergues. Et pour asseoir la société, les actionnaires viennent de remettre 4 M au capital. Ce féru de spéléo dans le Pacifique sud qui ne se considère surtout pas comme un « homme dappareil » porte depuis juin la casquette de président du pôle de compétitivité Team2. « La révolution énergétique cest aujourdhui quil faut y penser ». Un nouveau défi pour celui qui sattache à redynamiser ce pôle « en posant les bonnes questions », convaincu que la région a le potentiel pour se reconvertir dans ce domaine.
Photos : Sébastien Jarry
Texte : Julie DUMEZ
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