Et si le litre de super atteignait 2€ ?

Au-delà de l'essence, c'est l'ensemble de la consommation énergétique des entreprisesqui est concerné par cette flambée des prix. Nous avons voulu en savoir plus, et, comme d'habitude, avons interrogé notre panel de dirigeants de la métropole. Les résultats sont sans appel.

Les déplacements des collaborateurs
Le premier constat est clair : pour 73% des sondés, ce prix de l'énergie correspond à une préoccupation forte, voire majeure. Mais, et c'est une première surprise, les préoccu- pations sur ce prix de l'énergie concernent essentiellement les déplacements des collaborateurs dans l'entreprise (71%), bien devant les autres consommateurs d'énergie (transport : 26%). C'est sur ce poste que vont se concentrer les efforts des entreprises, bien qu'elles ne soient qu'une minorité (39%) à avoir "pris des mesures pour modifier les déplacements des collaborateurs".
Ces mesures sont très diverses, mais les transports en commun sont la première piste, évoquée par près de 47% des répondants. Le covoiturage aussi semble trouver sa voie, car plus d'une entreprise sur quatre met cette solution en avant. On notera également, parmi les pistes suggérées par les entreprises la téléconférence : plutôt que modifier le déplacement, autant le supprimer complètement ! D'autant plus que les solutions de téléconférence se sont largement démocratisées ces dernières années.

L'énergie pour l'entreprise
Cette "crise" a quand même surpris, tant par sa vitesse que sa brutalité. Seules 7% des entreprises interrogées déclarent avoir prévu et anticipé ce phénomène, et au total 59% des sondés nous indiquent ne pas l'avoir prévu... même si pour 44% des personnes, ce phénomène était inévitable à terme.
Car au-delà de l'impact à court terme, on notera que les entreprises ont déjà, pour près de la moitié d'entre elles, engagé des actions visant à la réduction des consommations éner- gétiques. Et pour un quart restant, le sujet est à l'ordre du jour !
Et si le prix de l'essence a un impact important sur les transports des collaborateurs, les actions pour les économies d'énergie concernent bien les véhicules (59%), mais éga- lement les bâtiments (56%) et les process de fabrication (24%). Cette démarche est donc globale.
En revanche, ces actions concernent peu la mise en place de systèmes d'énergies renouvelables au sein de l'entreprise. Seules 13% des entreprises ou organismes contactés ont entrepris une démarche dans ce sens, contre les deux tiers qui n'ont rien mis en place pour le moment. Les intentions sont présentes, mais visiblement le passage à une autre forme d'énergie ne sera pas rapide dans le monde de l'entreprise.
Et c'est le photovoltaïque qui prend la première place, avec près de 46 % des intentions, y compris dans notre Septentrion où le soleil se fait parfois désirer... Photovoltaïque qui distance largement les énergies éoliennes ou la géothermie, qui intéressent moins d'une structure interrogée sur trois.

Et demain ?
L'optimisme – pour autant qu'on puisse considérer comme optimiste un point de vue visant à la diminution du prix du litre d'essence... – n'est pas de rigueur. Pour plus d'un sondé sur deux, la barrière symbolique des 2 € sera rapidement franchie, et seuls 15% des décideurs interrogés imaginent que le prix de l'essence va baisser.
En complément, l'impact sur les entreprises à long terme semble inévitable. Deux tiers des répondants considèrent qu'ils seront obligées de modifier leurs organisations pour évoluer avec une énergie chère. Seules20%desentreprisesse considèrent à l'abri de ceci.
La prise de conscience est évidente : nous sommes entrés pour de bon dans une ère où il faudra inévitablement intégrer le coût de l'énergie comme facteur important voire décisif des enjeux économiques.