Matières recyclées : Bredlak appuie sur le champignon international

La société de négoce international de plastiques et métaux recyclés connaît une croissance spectaculaire. Présente dans 40 pays déjà, elle devrait multiplier son activité par six dans les cinq ans.

Bredlak est une jeune entreprise discrète créée en 2017 par deux diplômés de l'Edhec : l'un en 1995, Pierre Bredar, et l'autre de 20 ans son cadet, Shubham Lakra, indien de son état. Spécialisée dans le négoce de plastiques et métaux recyclés, Bredlak (association des deux noms) est d'emblée à vocation internationale : il s'agit d'acheter la ressource, de la qualifier en qualité, et de l'acheminer à des utilisateurs. Un métier de « connecteur » plus que de « trader », insiste Pierre Bredar. L'unité de base de la société est le conteneur de 25 tonnes en moyenne.

Bredlak, implantée dans le coworking du Palais de la bourse à Lille, a démarré dans le plastique. Un secteur que connaissait parfaitement Shubham Lakra, dont le père a monté un groupe spécialisé dans le recyclage du plastique à New Delhi. Après une tentative avortée dans le secteur du papier-carton, jugé finalement trop complexe et à trop faible marge, Bredlak a élargi son spectre aux métaux recyclés depuis 2020. L'entreprise a construit son modèle pas à pas, ses dirigeants sillonnnant la planète pour nouer des relations, vérifier scrupuleusement la qualité des matières, s'assurer de la viabilité des circuits. « Nous avons la culture du terrain. Notre métier est beaucoup basé sur l'intuitu personae », expose Pierre Bredar. Loin d'une culture du « one shot», la société s'inscrit dans une logique de long terme et de fidélité : un choix qui suppose des validations nombreuses, in situ, le temps d'établir la confiance, et une maturation lente. Ce qui n'a pas empêché la société de réaliser déjà une très jolie performance : l'an dernier (clôture des comptes en mars), elle a réalisé 7 M€ de chiffre d'affaires avec son équipe de six personnes, soit un volume de 3 à 4 000 tonnes par mois.

Bredlak dispose de deux entrepôts à Anvers et à Valence (Espagne) pour compléter son armature. Malgré sa petite taille, la société ne rate par ailleurs aucun des grands rendez-vous du secteur dans le monde, de la K Fair de Düsseldorf à la foire PlastIndia, en passant par le ChinaPlast de Shanghai, l'Equiplast de Barcelone ou le Plastic Recycling Show Europe d'Amsterdam. Une recette apparemment gagnante car Pierre Bredar et Shubham Lakra revendiquent de un à trois emails rentrants chaque jour pour leur demander de travailler avec eux.

Risque réparti face aux secousses géopolitiques 

Sur ces bases solides, les deux dirigeants tablent sur une montée en régime rapide. Certes la géopolitique mondiale est très perturbée et les cours ne cessent leur yoyo, mais Bredlak a une stratégie de diversification produits et pays qui lui permet d'amortir les risques. Même si le secteur est rythmé par les variations des cours et les secousses géopolitiques, le cap des 45 M€ est envisagé à horizon 5 ans, tandis que les effectifs devraient être multipliés par près de sept pour atteindre 40 personnes. L'heure est déjà au recrutement, pour chercher des spécialistes de toutes sortes, des logisticiens parmi d'autres, quitte à les former en interne.

Autant de développements qui se feront toujours au sein du coworking, assurent les dirigeants, pour qui la présence en hypercentre de Lille est un atout important. Pas question non plus pour eux d'ouvrir leur capital à ce stade, la société étant capable d'autofinancer sa croissance rapide jusqu'à présent.