Patrice Jacquelin : " J'ai un côté un peu asiatique "

Qu'est-ce qui vous fait vibrer
dans la vie ?

Je suis quelqu'un de passionné. Dans
l'entreprise, j'ai trouvé une source
d'épanouissement personnel, c'est
l'endroit où j'assouvis cette dimension
de ma personnalité. Est-ce le
fruit du hasard ou la nécessité ? Si
j'étais né dans un autre milieu avec
des parents musiciens ou ébénistes
par exemple, j'aurais pu m'épanouir
dans quelque chose de très différent.

Vos parents étaient-ils
entrepreneurs eux-mêmes?

Non pas du tout. Je suis d'origine
modeste, de milieu ouvrier. Mes
parents m'ont donné une éducation,
ont tout fait pour que je fasse des
études. Nous sommes deux frères,
les deux ont connu quelque réussite
dans l'entreprise, mes parents en
étaient fiers au fond d'eux.

Cet engagement dans
l'entreprise vous laisse-t-il
un peu de loisirs ?

Oui car professionnellement, j'ai
une qualité, c'est de savoir déléguer.
J'ai du temps libre. Je l'utilise
notamment pour une passion assez
récente pour les voitures anciennes,
les collectionner, les entretenir, me
documenter, et participer à des
rendez-vous de temps à autre.

Avez-vous une voiture
fétiche ?

Pas spécialement. Ce n'est pas tant
un objet en tant que tel, mais plutôt
de ressentir à travers lui un aboutissement
de forme, la matière transcendée
pour accéder au statut de
véritable oeuvre d'art. Aujourd'hui
la collection automobile de Ralph
Lauren est présentée à Lille Grand
Palais, il a un goût très sûr, je vais
aller les découvrir.

Vous êtes un esthète ?

J'aime ce qui donne de l'émotion et
qui apporte de la beauté. Voir un
film peut me toucher. Le Discours
d'un roi, sans beaucoup de moyen ni
avec un scénario extraordinaire, a su
transmettre l'émotion des hésitations,
de l'angoisse et des relations
entre quelques personnes. C'est un
film magnifique.

Êtes-vous un
grand lecteur ?

Je lis pas mal de
presse, comme
la plupart des chefs d'entreprises. En matière de
livres, j'aime m'évader, notamment
à travers des auteurs américains qui
traitent de politique-fiction, de
conflits planétaires, d'espionnage...

Je m'intéresse aussi à la littérature.
J'essaie de découvrir depuis quelque
temps Michel Houellebecq. Je suis
très partagé, je n'arrive pas à savoir
si j'ai affaire à un génie ou à un crétin.
Je vais en lire davantage pour me
forger une opinion personnelle.

La qualité que
vous appréciez le plus chez
quelqu'un et le défaut
que vous supportez le moins ?

J'aime avoir face à moi un esprit
curieux, ouvert au monde, avec un
réel intérêt porté aux autres.
A l'inverse, je déteste les gens imbus
de leur personne, sûrs de leurs théories,
accordant peu d'importance aux
autres, condescendants, et fermés
comme des huîtres.

Vous mettez-vous en colère
parfois ?

J'ai un côté un peu asiatique.
Je me mets très rarement
en colère, c'est
très inutile même si
on peut se faire du bien
pendant très peu de temps.
Mais on peut aussi commettre
des erreurs irréparables.

Si vous deviez être
parachuté sur une île
déserte, qu'emporteriez-vous?

Du monde ! L'île déserte
c'est un drame pour moi.
Rien de plus fermé, de plus
limité.