Paul, Ge?rard, Francis, Christian, racontent

La sce?ne se passe il y a quelques anne?es dans une chambre du Novotel de Lesquin transforme?e en salle a? manger VIP. Paul Dubrulle a invite? quelques amis, partis de rien comme lui il y a 50 ans, a? l'occasion de l'anniversaire du premier ho?tel de la chai?ne Accor. Invite? par Paul, je me fais tout petit dans un coin et, tout oui?e, me re?gale de leurs histoires.
Autour de la table fleurie ont pris place quatre papys : Ge?rard Mulliez, Francis Holder, Christian Dubois et l'ho?te des lieux, excusez du peu ! Trois leaders mondiaux et un qui le serait devenu si l'appa?t du gain n'avait fait e?clater la commandite qui verrouillait le capital de Casto.

Paul relate les de?buts laborieux de son premier ho?tel. « Pas un seul client le premier soir ! Je me poste le lendemain midi au pe?age de Fresnes-lez- Montauban et distribue des flyers. Re?sultat : le soir, un client ! »

Ge?rard enchai?ne : « Je de?chargeais moi-me?me les camions dans cette usine de?saffecte?e des Hauts Champs. Un ami un peu snob qui passait dans la rue fit semblant de ne pas me reconnai?tre ! »

Francis raconte comment, ayant livre? croissants et baguettes a? Auchan, il fu?t prie? de reprendre les invendus le lendemain matin, rassis, invendables. « Tu n'a me?me pas eu honte, Ge?rard ! »

Christian, quant a? lui, pre?tend qu'il sciait lui-me?me les planches sous l'enseigne Dubois Mate?riaux.

“Ne doutons pas de la ge?ne?ration des trentenaires start- uppers qui attendent leur heure”

Quatre success stories uniques au monde qui de?bute?rent, la premie?re dans un champs de betteraves a? l'entre?e sud de Lille, la seconde dans un quartier de?she?rite? de Roubaix, la troisie?me dans une boulangerie de quartier place Ronde dont le patron s'appelait Paul, la quatrie?me dans un modeste entrepo?t fac?ade de l'Esplanade. Ce billet pourrait servir de pre?face a? un livre a? la gloire des entrepreneurs du Nord. A la ge?ne?ration pre?ce?dente, celle des Be?ghin, des Prouvost, des Thiriez, c'e?tait dans l'industrie. De ces empires engloutis, a? Thumeries, a? Roubaix, a? Loos, subsistent quelques maisons de mai?tre de?caties. Mais l'histoire continue avec De?cathlon, Leroy-Merlin, OVH, des entreprises a? vocation mondiale qui n'existaient pas il y a vingt cinq ans. Ne doutons pas de la ge?ne?ration suivante, des trentenaires start-uppers totalement inconnus qui attendent leur heure. Sans avoir lu Schumpeter, ils ont c?a dans leurs ge?nes. « Il n'est pas de territoire sans espoir, e?crivait Alain Madelin, il n'y a que des territoires sans entrepreneurs."