Bruno Bonduelle : Tout en haut des Hauts de France
Je me désole car, cherchant des hauteurs au ras des champs de betteraves, mon regard ne va pas au delà du Mont Cassel ou de la Colline de Laon. Je crains en outre le ridicule s'il venait à mes amis parisiens l'idée de me traiter de hautiste ou de hautain.
Je me console, car voilà Lille en haut de l'affiche, fière des 101 m de son beffroi. Voilà surtout Senlis et Villers-Cotterêts positionnées, elles aussi, en haut de la carte. Vont-elles pour autant faire allégeance au suzerain lillois, en s'éloignant du Royaume de France dont elles furent le berceau? Vont-elles résister au tropisme francilien alors que la géographie a toujours mis la Picardie dans le bassin parisien? Rien n'est moins sûr.
Substituer le tropisme grand-lillois au tropisme francilien
Voilà un formidable défi pour la MEL: Construire une ville millionnaire et, pour ce faire, fusionner les 85 communes en dépassant les petits arrangements entre amis pour nous guérir de notre nanisme politique. Elle donnera ainsi sa vraie dimension au géant économique que nous sommes en substituant le tropisme grand-lillois au tropisme francilien. Passé l'euphorie des fiançailles régionales en effet, nous sommes en droit de nous inquiéter. La capitale régionale n'est-elle pas désormais excentrée? Ce qu'Arras et Valenciennes acceptaient en maugréant, Amiens et Beauvais ne vont-elles pas le rejeter? Lattraction parisienne ne va-t-elle pas s'exercer avec plus de force maintenant que le Sud de la région est quasiment en Ile de France?
Autre défi pour la MEL, élargir le périmètre grand lillois de Courtrai à Douai, ce qui fut une des raisons d'être du Comité Grand Lille. «L'avenir du Nord est au Nord», disait Pierre Mauroy. Foin de ces utopies, votre prédécesseure cumulait le mépris pour le bassin minier- rose mafia, la détestation du Président de Région qui en était issu et l'indifférence pour la Flandre belge. Certes, elle fit un pas de danse avec le bourgmestre Stefaan De Clerck, à la Saint-Nicolas, pour l'ouverture de Lille 2004, mais son cur était chez ses amis socialistes de Wallonie.
Nos deux nouveaux présidents Bertrand et Castelain n'ont pas connu ces ferments de division mortifères. Alors, l'espoir renaît. La MEL a en effet besoin de son lebensraum, c'est-à-dire de sa région, pour s'épanouir au delà de son périmètre métropolitain. Et il faut à la région une capitale (caput, la tête) pour rayonner au delà des frontières nationales. Seules les grandes métropoles retiennent les jeunes talents issus de leurs berceaux. Seules, elles attirent les meilleurs nés ailleurs pour féconder leurs territoires.
Ces articles peuvent également vous intéresser :
Interview Frédéric Motte, président du Medef : "Les verrous sont connus, il faut les faire sauter !"
Le patron des patrons nordistes, ancien maire, ancien pre?sident du Ceser, veut que la classe politique s'attaque enfin a? l'arle?sienne des re?formes structurelles a? l'heure ou? les entreprises sont confronte?es a? la mutation en profondeur des mode?les anciens. Rencontre.
700 emplois de marques en vue dans la Sambre
Hautmont. JMP Expansion porte un ambitieux projet de Village des marques, porteur de 54 M d'investissements et de rayonnement commercial.
La MEl se branche sur les Re?seaux e?lectriques intelligents
Re?gion. Derrie?re la labellisation avec une enveloppe plus modeste qu'espe?re?e, la me?tropole voudrait de?rouler la pelote de la troisie?me re?volution industrielle a? grande e?chelle.
Youkado affiche son appe?tit dans le B to B
Wasquehal. Recentre?e sur un business model efficace, Youkado veux quadrupler ses ventes en quatre ans pour tangenter les 20 M.