Frédéric Gaucher, Président de Minafin : «La chimie rencontre des handicaps spécifiques sur le marché français»



Quel est le positionnement de votre groupe ?
Depuis deux ans, le groupe ayant grandi, nous l'avons organisé en deux pôles. D'un côté les marchés utilisateurs, à savoir des prestations chimiques pour les secteurs de la pharmacie et de la cosmétique, et de l'autre des technologies de niche avec des positions de leader, valorisant une excellence technologique.
On essaie ainsi de faire ce mariage matriciel d'une organisation commerciale de recherche et industrielle qui se préoccupe en permanence d'une catégorie particulière de clients et en parallèle d'une offre originale de savoir-faire de pointe qui génèrent des solutions originales pour les clients.


Quelles sont vos priorités ?
La digitalisation de notre entreprise est devenue nécessaire pour gérer toutes les informations techniques
et financières. Il est temps également d'harmoniser nos multiples systèmes informatiques, fruits du « build-up » du groupe. C'est une orientation stratégique que de mettre en place un certain nombre de systèmes informatiques, une cohérence de l'information pour avoir en temps réel les bonnes informations entre sites et améliorer la chaîne logistique au profit de nos clients. C'est un plan pluriannuel d'investissement de plusieurs millions d'euros.

 

Vous défendez une logique de réactivité d'une Pme face à des grands groupes mais vous êtes devenu un groupe d'une certaine taille. Comment faites-vous ?
Aujourd'hui, le groupe n'est pas dans le top 10 sur le marché des utilisateurs, mais il est leader par sa capacité d'écoute et sa proximité du client ! La flexibilité et l'agilité sont une priorité pour adapter nos cycles à ceux des clients, favoriser leur rapidité d'accès au marché.


Comment voyez vous le groupe à horizon 5 ans ?
Nous avons adopté un plan de croissance sur cinq ans, Jump 21, établi sur plusieurs piliers tout en gardant le client au centre de nos préoccupations : couverture géographique, service aux clients, formation du personnel et montée des compétences. A horizon cinq ans,nous aimerions atteindre les 300 M€ de chiffre d'affaires pour 45 M€ d'Ebitda. Mais nous sommes confrontés à une grosse pénurie de personnel hautement qualifié, nous avons des dizaines de postes non encore pourvus dont
20 sur nos sites de Dunkerque et Beuvry-la-Forêt. En 2018, nous avons prévu de recruter 90 personnes dont 60 sur nos sites nordistes.
Si on y arrive, ce sera un exploit !


L'industrie chimique était en difficulté en France ces dernières années. Cela va mieux ?
Oui, mais la chimie rencontre des handicaps spécifiques sur le marché français. Nous avons le défaut de surtransposer les directives européennes, de telle manière que quand on compare un processus d'investissement en France à l'Allemagne ou la Belgique, on a facilement plusieurs mois de procédure supplémentaire et des contraintes supplémentaires. Ceci alors que nous avons la
même réglementation Seveso dans toute l’UE ! Nous avons investi 7 M€ dans notre usine de Memphis. La décision a été prise en janvier, la mise en service a eu lieu en décembre.
Pour faire cela à Dunkerque, vous rajouteriez au moins un an.


Et côté impôts ?
Notre usine de Dunkerque paie en taxes de production plus que les cinq autres usines du groupe ! Quand on l'a rachetée, c'était avec la promesse des élus qu'ils reverraient la facture pour sauver des emplois mais elle n’a pas été suivie des effets escomptés ! Et la taxe de production de Beuvry-la-Forêt équivaut elle- même à ce qu'on paie sur l'ensemble des quatre autres usines non françaises : il y a là un vrai handicap. Cela représente 20 M€ sur dix ans, que nous n'avons pas investis pour assurer le futur des sites français.


Recueilli par Olivier Ducuing. Photo Sébastien Jarry

 

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