Edito n°70-Avril 2017

Trou d'air

L'avion France rentre dans une zone de cumulo-nimbus dangereuse. Le mandat de Franc?ois Hollande s'ache?ve dans une incroyable confusion politique. On verra bien quel pilote sort de l'urne pre?sidentielle le 7 mai, mais l'inde?cision des Franc?ais selon des instituts de sondage eux-me?mes un peu de?boussole?s laisse re?veur. Surtout, la machine institutionnelle bien huile?e de la Ve Re?publique bipartisane se grippe fortement depuis la monte?e en puissance du FN devenu premier parti de France. Plus encore demain avec la quatrie?me force qu'est en train d'initier Emmanuel Macron. Quadripartisme et Ve Re?publique : cherchez l'intrus ! Re?sultat : les e?lections le?gislatives risquent de produire des triangulaires et quadrangulaires en nombre, avec sans doute un puissant groupe FN (au lieu de 2 de?pute?s sortants) et, in fine, un risque pas du tout virtuel d'absence de majorite? au Palais Bourbon. Ce qui serait du jamais vu depuis 1958. Si l'on y ajoute les troubles ge?opolitiques qui auront rarement e?te? si forts, on doit s'attendre a? de grosses turbulences dans les prochains mois. Avec malheureusement un fort impact sur notre e?conomie.

Sans confiance, pas de croissance
La situation est d'autant plus fa?cheuse que, pre?cise?ment, celle si se redressait nettement en Europe, et me?me, plus modestement, en France– ralentie par des fondamentaux toujours gravement plombe?s par une dette monstre et par une structure institutionnelle bien peu efficace. Or les acteurs e?conomiques ne de?testent rien tant que l'incertitude. Depuis plusieurs mois, de tre?s nombreuses entreprises retiennent leurs projets, en attendant de voir a? quelle sauce le futur exe?cutif compte les assaisonner, et de voir si les nuages vont se dissiper ou tourner a? l'orage. Sans confiance, pas de croissance. Pour faire tourner la machine a? cre?er de l'emploi, a? produire des richesses et a? permettre ainsi de redistribuer, le prochain locataire de l'Elyse?e n'a pas le choix : l'entreprise doit e?tre tout en haut de la pile de ses dossiers. Et il doit envoyer les signaux pro-business au plus vite.

Olivier Ducuing, directeur de la rédaction