Mathieu Lesenne et Olivier Duthoit font mousser haut la bie?re nordiste

Mathieu Lesenne et Olivier Duthoit fre?quentaient le me?me colle?ge a? Hazebrouck. Comme tout un chacun, leurs chemins ont ensuite diverge?, l'un devenant charge? d'affaires entreprises en banque, l'autre agent technico-commercial en Seine et Marne chez AEB Spindal, un spe?cialiste en oenologie. L'ide?e de lancer ensemble leur propre brasserie germe un beau jour, autour d'un barbecue. Les deux hommes ont des arguments : Olivier est titulaire d'un master ISA en fermentation industrielle et inge?nieur brasseur forme? a? Louvain. Quant a? Mathieu, son activite? lui donne des fourmis dans les jambes. « Quand on co?toie tous les jours des chefs d'entreprises, on n'a qu'une seule envie c'est d'e?tre a? leur place". « Il sait compter, je sais faire de la bie?re », re?sume Mathieu.

A l'e?poque, le pari est pour le moins audacieux : le marche? de la bie?re se tasse, et les brasseries re?gionales se comptent au plus sur les doigts des deux mains. Mais les deux hommes croient fermement dans leur projet. Et cre?ent la Brasserie du pays flamand fin 2006. Pour leur de?but, l’ISA leur pre?te ses installations. Ils lancent leur premier breuvage, la Bracine, adosse?s a? la brasserie Page 24 a? Aix Noulette. Deux ans plus tard, ils prennent leur inde?pendance et s'installent dans l'ancienne friche Alpac, a? Blaringhem, qu'ils retapent entie?rement a? l'huile de coude. Pari gagnant : en 2009, leur Bracine triple remporte la me?daille d'or au concours ge?ne?ral agricole. De quoi surmonter les re?ticences des distributeurs et autres cavistes pluto?t re?ticents face aux bie?res de garde a? l'e?poque. Et de quoi nourrir un courant commercial de plus en plus important. Un an plus tard, les deux compe?res sortent cette fois l'Anoste?ke? (« a? la prochaine fois ! » en flamand), une bie?re ame?re bien houblonne?e. La petite brasserie s'impose peu a? peu dans le paysage re?gional et fait tourner ses brassins a? plein re?gime. En 2016, elle brasse 6500 hectos avec ses 9 salarie?s, pour un chiffre d'affaires d'1,6 M€. Mais la conse?cration tombe en septembre depuis la Grande-Bretagne. Les World Beer Awards, concours a? l'aveugle, de?cernent le prix de meilleure bie?re de garde du monde a? l'Anosteke? Saison. Avec en prime un effet de notorie?te? fulgurante. «Nous e?tions de?ja? a? saturation. Cela a acce?le?re? le processus», raconte Mathieu Lesenne. Les commandes tombent en cascade. Quitte a? ge?ne?rer un goulot d'e?tranglement. "Le taux de rupture par rapport aux commandes passe?es tourne autour de 20 et 25 %". Me?me les tour ope?rateurs sollicitent les brasseurs pour les inclure dans leurs circuits. Il n'est du reste pas rare que des groupes d'e?trangers frappent a? l'improviste pour visiter les lieux. Les deux associe?s y rec?oivent les clients dans un bar ame?nage? et une ambiance conviviale.

Ce coup de pression pousse les deux amis a? acce?le?rer un investissement de 2,5 M€ dans les tuyaux depuis un an, sur un nouveau site, a? Merville. Le chantier de?marrera en aou?t sur un terrain de 2600 m2 jadis occupe? par Nord Engrais. Il augmentera la capacite? de la brasserie de 15% par an, et offrira des re?serves foncie?res pour l'avenir. Il faudra tenir encore un an : l'ouverture n'est programme?e qu'en 2018. Le site de Blaringhem sera lui re?serve? a? une production artisanale, celle de la Wilde Leeuwe (« lion sauvage »). Une bie?re premium vieillie dans des fu?ts de spiritueux. "Notre ambition c'est de mettre la bie?re au niveau du vin et de faire du « food pairing » avec de la bie?re", annonce Mathieu Lesenne. Le produit a de?ja? se?duit le chef Florent Ladeyn qui passe re?gulie?rement commande. Une nouvelle carte gagnante dans leur jeu.