L’économie sociale plutôt préservée jusqu’ici

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Plutôt discrète pendant la crise, hormis l'appel au secours d'Emmaüs, l'économie sociale et solidaire est jusqu'à présent plutôt protégée par les dispositifs d'Etat. Mais l'inquiétude grandit. 

Chômage partiel, reports de charges... L'économie sociale et solidaire (ESS), qui pèse lourd dans la région (210 000 emplois, 11,2% de l'emploi régional) tient bon jusqu'à présent face à la crise sanitaire, grâce aux mesures économiques mises en place. « L’ESS est encore dans la sidération », confirme Sylvie Cheynel dirigeante d'Altereos (300 salariés). « Mais l'etat est très attentif à nos structures et on n'est pas abandonnés ». France Active, par exemple, connaît un bon niveau d’activité. Pour autant, l'inquiétude gagne, notamment dans le secteur des établissements sociaux et médico-sociaux très concerné par la crise sanitaire. « Il n'y a pas que l'hôpital qui souffre. Le moment est venu de prendre conscience des difficultés du secteur ! », lance Jean-Yves Doisy, directeur général du groupe Vitamine T. Au sein de sa filiale Louvéa, spécialisée dans le portage de repas et l'aide à domicile, l'inquiétude des salariés a été plus que palpable. Face à la peur d’être contaminés par le virus et le manque de protection individuelle, certains collaborateurs ont cessé leur activité, pourtant hautement nécessaire ces dernières semaines pour les personnes âgées. « Le responsable de la filiale a dû contacter lui-même ses connaissances pour avoir des masques et du gel pour les salariés » raconte Jean-Yves Doisy. Pour qui le temps de la réflexion quant aux problématiques du secteur, notamment financières, doivent être pris à bras le corps par les pouvoirs publics. « La silver économie a un modèle économique qui ne tient pas la route, regrette Jean-Yves Doisy. Notre filiale est sous perfusion car le groupe estime que son activité est d’une grande utilité sociale ».

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60% d'absentéisme

Un constat partagé par Ahmed Hégazy, directeur de l’Union régionale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux (Uriopss) Hauts-de-France. « Le financement des collectivités publiques a été globalement maintenu durant la covid. Mais demain, des modalités devront être reprécisées », dit-il. En ligne de mire : les coûts importants dûs à l’achat d’équipements supplémentaires. Mais aussi de gestion complexe du personnel. Selon Ahmed Hégazy, certains établissements ont dû gérer la crise avec 60% d'absentéisme. Une réorganisation du réseau a été menée dans l’urgence, au côté de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) des Hauts-de-France. Avec qui l’Uriopss régionale a créé une « réserve sociale » pour combler les besoins en personnels. « La tension RH a été une grande difficulté et elle se poursuivra cet été. C’est un poids énorme dans la balance financière qui devra être pris en charge ».

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Et les fondations ?

Ces dernières années ont été marquées par un développement impressionnant du nombre de fondations, notamment de fondations d'entreprises. Or, celles-ci financent leurs actions à partir de leurs résultats. Inutile de dire que la rentabilité des entreprises va s'effondrer cette année et privera de ressources nombre de ces fondations, en particulier dans le secteur textile, mais pas seulement. « Le bon côté, c'est que cela oblige les structures à se réinventer, à mieux travailler entre elles, à créer de la complémentarité », explique Hervé Knecht, président de la Fondation de France dans la région. Qui prend l'exemple de sa propre fondation, qui aura su gérer 80 projets en deux mois, en sortant un peu de son rôle classique de seul financeur pour devenir coordinateur voire opérateur. Les fondations faisant appel à la philanthropie ne semblent pas pour l'heure affectées par un recul de la collecte. O.D.

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