“Il faut de l'inge?nierie, des moyens, et une vision strate?gique”

Quelles sont, selon vous, les cle?s ne?cessaires pour le rebond d'un territoire ?

Il faut un minimum d'autofinancement et une bonne base d'inge?nierie. Sans moyens, on ne peut pas faire grand chose. Quand la communaute? d'agglome?ration du Valenciennois a e?te? cre?e?e par Jean-Louis (Borloo), elle l'a e?te? non pas comme supra- communaute?, mais bien pour porter des projets structurants a? plus grande e?chelle. Elle a beaucoup mise? sur l'investissement et s'est dote?e d'une e?quipe de 170 personnes : ce sont peu de personnes mais beaucoup d'inge?nierie, des fonctionnaires de cate?gorie B et A, majoritairement. Nous avons de?fini un plan pluriannuel d'investissement avec trois grands axes strate?giques, le transport, le nume?rique et la logistique, en visant une ame?lioration des dessertes et des axes structurants. Et l'on continue : l'agglo apporte 23 M€ au de?partement pour le contournement nord, qui cou?te 115 M€, mais qui est essentiel pour redonner de l'oxyge?ne en traversant toutes les zones d'activite? et qui dessert aussi les fonctions urbaines.

Mais les anciennes communes minie?res sont aussi les plus pauvres de France. Comment arrive-t-on a? financer ?

Pour lever des financements, il faut mai?triser ses de?penses de fonctionnement. Quand on de?pense 1 M€ supple?mentaire en fonctionnement, cela re?duit vos investissements de 10 M€. C'est dans cette logique qu'a? Valenciennes Me?tropole, on a refuse? certaines compe?tences comme la gestion des piscines, et qu'on peut jouer nous-me?me le ro?le d'ame?nageur. L'agglo avait une capacite? d'autofinancement annuelle de 55 M€ quand je suis partie. Nous portons l'inge?nie?rie et la mai?trise d'ouvrage des ope?rations ANRU pour les communes mais aussi des projets structurants pour le territoire, comme les 170 km de fibres a? haut de?bit, la requalification de huit friches, dont celle de Vallourec. Les fonds europe?ens sont un levier colossal, mais on peut les mobiliser seulement quand on a l'inge?nierie, les moyens et une vision strate?gique. Il faut que les territoires se soient mis en ordre et a? une e?chelle suffisante. C'est un des atouts des po?les me?tropolitains qui se mettent en place.

Aujourd'hui, comment la Re?gion appuie-t-elle le de?veloppement des territoires ?

C'est la logique des confe?rences territoriales que j'ai entame?es. On commence sur des espaces de dialogue plus larges me?me que les po?les me?tropolitains, soit neuf grands bassins de vie cohe?rents, sur l'ame?nagement du territoire a? horizon 10- 20 ans. On fait re?fle?chir les acteurs sur l'avenir, la manie?re de coope?rer, le partage des ambitions prioritaires et des axes strate?giques. Les po?les me?tropolitains seront a? terme des syndicats mixtes pour porter de l'inge?nierie collectivement, in- dispensable a? la re?flexion mais aussi aux ope?rations. Il nous faut des e?lus moteurs, volontaires, des e?quipes techniques de bon niveau et les espaces de dialogue pour re?fle?chir sur le long terme.

Etes-vous optimiste ?

Les de?marches de?ja? engage?es sur ces territoires sont encourageantes. Les fonds me?tropolitains vote?s en juillet dernier, soit 320 M€, vont donner lieu a? des accords cadres, a? travers trois axes territoriaux : un fonds grands projets, un fonds inter- communal, et un fonds rural. Certains territoires seront mu?rs vite pour signer, on va vers un accord cadre sur le bassin minier fin juin. A l'automne, j'aurai les e?le?ments the?matiques et territoriaux pour qu'une se?ance ple?nie?re puisse adopter les grandes orientations strate?giques du SRADETT (sche?ma re?gional d'ame?nage- ment durable des territoires) des Hauts- de-France.

Recueilli par O.D.