"Ne jamais me prendre au sérieux" Laurent Sirot

Vous avez repris votre entreprise en 2004 avec 35 salariés, elle en aura bientôt 250. D'où vous vient cette fibre d'entrepreneur ?
J'ai commencé comme cadre puis cadre dirigeant salarié au sein d'un groupe qui a grandi, JPG, devenu Staples France. J'y ai été un développeur pendant 20 ans. C'était naturel que je devienne entrepreneur à 47 ans. Ce qui me motive, c'est la construction d'équipes, c'est d'étonner chaque collaborateur sur sa capacité à grandir. Aujourd'hui à 53 ans, j'essaie de construire une entreprise où les personnes se sentent bien. Et pour ce faire, je suis obsédé par la performance économique car elle donne les moyens matériels et psychologiques d'être créatifs et de se projeter vers l'avenir.

Etes-vous dans le Valenciennois par hasard ?

Pas du tout ! Mon ancêtre était coutelier à Valenciennes en 1820, ses descendants ont développé une filière sidérurgique, avec un laminoir. Je suis d'une vraie lignée industrielle. Jusqu'à la génération de mon père, tout le monde était entrepreneur. Mais dans ma fratrie de six frères et soeurs, je suis le seul à mener cette aventure de chef d'entreprise dans ce berceau familial.

Vous êtes très attaché à votre territoire ?

Absolument. Et je suis plein d'admiration devant sa capacité de rebond. Pendant mes études, à la fin des années 70, j'ai vu la fermeture massive des gros pôles sidérurgiques, comme celui de Denain. Cela m'a beaucoup marqué. Je suis très éloigné du monde politique mais avec mon retour dans le Valenciennois, j'ai eu la volonté de participer à
la revitalisation.

Avez-vous le temps de prendre des loisirs ?
Je fais partie des entrepreneurs qui consacrent 150% de leur temps à l'entreprise, et mes loisirs sont réduits à leur plus simple expression. Grâce à mon épouse et à nos cinq enfants, notre vie familiale est vivante et c'est aussi une priorité pour moi. Avec des amis et ma famille, nous restaurons une abbaye du XIIIe siècle en Picardie, dont nous voulons faire un lieu d'échanges et de transmission de savoirs.

Vous vous êtes impliqué dans l'école de la 2e chance, pourquoi ?
Le projet de développer une E2C sur Valenciennes et Maubeuge a été considéré par mes collaborateurs et moi- même comme une initiative à soutenir. Le hasard veut qu'elle soit implantée notamment à Anzin, là où se trouve notre siège. Nous avons toujours essayé d'ouvrir notre porte aux jeunes de nos quartiers à la recherche d'un job, d'une formation ou d'un stage. Et donc, la mise en place de cette école, particulièrement bien organisée, semblait prolonger naturellement et avec efficacité nos engagements et nos objectifs.

Vous arrive-t-il de piquer de grosses colères ?
Je ne me mets presque jamais en colère. Avec le temps, on apprend à être de plus en plus calme et tolérant face à la contrariété et à l'imprévu...

Dans l'autre sens aussi, alors ? Vous riez peu ?

J'aime rire, au contraire. Notamment au travail : on peut travailler en s'amusant, j'ai d'ailleurs été un des premiers à instaurer dans l'entreprise, sans le savoir, ce que les spécialistes appellent des "Serious Games". Je suis adepte de ne jamais me prendre au sérieux !

Quels sont vos goûts musicaux ?
Tous les styles m'intéressent, classique, jazz, rock, chanson française... Et j'ai même un faible pour l'accordéon !

Le dernier film que vous ayez été voir ?
Des hommes et des dieux...

Si on vous laissait seul sur une île déserte, qu'emporteriez-vous ?

Des livres et un ordinateur car je pense que, même déserte, cette île aura bientôt sa liaison Wifi !