Numéro #105

Numéro #105 28/10/2020

Edito

Déchirure musculaire ?

Le gouvernement a fait le choix de placer Lille, 7 autres métropoles et l'Ile-de-France sous couvre-feu pour 4 à 6 semaines, à partir du 17 octobre, puis de l'étendre aux départements du Nord, du Pas-de-Calais et de l’Oise. En cause, encore et toujours depuis six mois, le coronavirus. Qui a mis à mal toutes les stratégies, en France et ailleurs, hormis de rares très bons élèves. Le risque de chaos sanitaire est tel que confinement ou couvre-feu sont présentés comme les seules options. Nul n'aimerait être à la place des exécutifs en place pour gérer une telle situation. Tout au plus observera-t-on que malgré le déversement de milliards d'euros depuis le printemps, le nombre de lits de réanimation était revenu à 5000 à l'aube de cette deuxième vague. A l'échelle d'un pays de 67 millions d'habitants, on peut s'interroger.

Reprise en K

Mais ne risque-t-on pas le KO économique à force de mesures coercitives ? Car si ces dernières impactent avant tout les secteurs concernés (restauration-hôtellerie-événementiel-culture), elles finiront par affecter l'ensemble de l'économie, par la perte de vie sociale -incarnée par cette amende de 400 € infligée à un couple qui s'embrassait dans la rue à Milan !, de pouvoir d'achat, les investissements gelés... et les rentrées fiscales et sociales disparues. Or le moral de la nation, qui vient d'être lourdement plombé un peu plus par le terrorisme islamiste, est touché. On ne pourra se résoudre longtemps à une reprise en K, la barre basse représentant les secteurs sinistrés, la barre haute ceux qui s'en tirent plutôt bien voire très bien, ce numéro d'Eco121 en fait encore la preuve. Il existe un risque de déchirure musculaire si cet écart s'inscrivait dans une trop longue durée. La dernière enquête de conjoncture de la CCI Hauts-de-France (conduite avant l'annonce du couvre-feu) indiquait déjà que 72% des entreprises se disaient affectées par la crise sanitaire, tandis que 58% des dirigeants envisageaient de reporter leurs investissements.

Nous le répétons souvent ici, la confiance est un ingrédient fondamental de la vitalité économique, seule capable de régénérer le cycle vertueux : investissement, emploi, croissance. Force est de constater que le moteur semble un peu encalminé aujourd'hui.

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Publié le 26/02/2024

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