Numero # 109

Numéro #109 09/03/2021

Nous ne sommes pas des tardigrades !

Connaissez-vous le tardigrade ? Cet animal minuscule est un invertébré époustouflant qui résiste à tout. Le gel extrême, les produits chimiques, le vide sidéral, la dessication totale et même les radiations, il survit à tout et revient à la vie comme si de rien n'était quand les conditions retournent à la normale. Les scientifiques qualifient cette espèce d'extrémophile. Sommes-nous des tardigrades ? Nous ne sommes assurément pas extrémophiles et les mesures d'exception pesant sur nos libertés individuelles depuis plus d'un an, prolongées d'un mois au minimum dans notre région et dans 14 autres départements (au 25 mars), ont clairement atteint les limites du supportable. Le stop and go aussi. Car le corps social et économique plongé dans l'eau régénérante et bienfaitrice du déconfinement final, une fois toute la France vaccinée, pourra-t-il renaître dans toute sa vigueur comme ces indestructibles animalcules ? Chaque entreprise arrêtée par décision administrative pourra-t-elle retrouver tout son allant

antérieur ? Les étudiants, les apprentis empêchés ou lourdement perturbés dans leur cursus vont-ils effacer dans l'ardeur de leur jeunesse cette année

dégradée ? Les géants du web qui auront raflé la mise pendant les confinements vont-ils reculer ensuite pour laisser leur place aux commerces de proximité ?

Un effet « années folles » ?

On peut tenter de se rassurer en se souvenant du troisième trimestre 2020, lorsque l'économie française, libérée une première fois, a montré des performances bien supérieures aux attentes. Pourquoi pas espérer un effet « années folles » qui avaient suivi le cauchemar de 14-18 ? Il est vrai que l'envie de revivre normalement se lit déjà

dans les comportements des Français. Et que l'argent est là : les banques centrales ont déversé des milliards de liquidités sur l'humanité.
Mais on peut aussi être plus sombre. Les entreprises se sont endettées comme jamais. La puissance publique, qui n'en a plus que le nom, laisse une facture inimaginable, une technocratie métastatique et des fractures sociales qui se sont encore creusées. Lorsque la perfusion générale va cesser, certains organismes arriveront tant bien que mal à se régénérer. Certains auront même réussi à traverser la crise sans encombres. Mais beaucoup sortiront de cet interminable épisode sanitaire bien cabossés. Et bien d'autres ne s'en remettront pas. Car non, nous ne sommes pas des tardigrades. Hélas.

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Publié le 26/02/2024

Numéro #138

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