Rabot-Dutilleul ouvre une nouvelle phase de développement

Le dirigeant, représentant de la 4e génération, veut pousser la création de valeur plus que la croissance à tout prix Le dirigeant, représentant de la 4e génération, veut pousser la création de valeur plus que la croissance à tout prix

Lille. Projet stratégique, 51 M€ levés, création d'une foncière, ambitions parisiennes renforcées... Le groupe de construction bientôt centenaire passe la surmultipliée.

«On n'affiche pas une ambition de croissance de chiffre d'affaires à tout prix, ni de croissance externe ». François Dutilleul (photo), Pdg du groupe éponyme de construction- et représentant de la 4e génération, veut éviter tout malentendu. Si son groupe familial vient d'adopter un projet stratégique, et de lever 51 M€ en syndication bancaire, c'est d'abord pour créer plus de valeur ajoutée, de gains en performance, et de services pour mieux accompagner les clients. Car sous l'effet du numérique et de l'économie de l'usage, l'univers de la construction change rapidement. « On ne nous demande plus seulement des mètres carrés, mais un usage au service de la stratégie », confirme le dirigeant. Objectif de Rabot-Dutilleul : mieux combiner ses différents métiers pour développer plus de valeur, et élargir son spectre vers l'amont comme vers l'aval.

Exemple : en début d'année, l'ETI a créé RD Foncière, pour déployer une activité de portage d'immeubles, une première dans l'histoire presque centenaire du groupe. En aval, le groupe veut élargir son offre de service, quitte à s'engager dans le champ de la gestion et de l'exploitation. En parallèle, le groupe investit « des millions d'euros »dans le digital, qu'il s'agisse du BIM (building information modeling) ou du système d'information du groupe. Il se rapproche aussi des start up de la construction, en étant présent dans les incubateurs ou au Village byCA, par exemple. Un autre enjeu crucial est le capital humain pour un groupe qui recrute en moyenne 300 personnes par an. Or certaines fonctions présentent des pénuries sévères - comme les ingénieurs du BTP, au moment où le chantier du Grand Paris siphonne une partie des talents et des capacités de production du pays.

Au demeurant, Rabot-Dutilleul entend bien renforcer ses positions en Ile-de-France. Sa part de marché y est faible, mais son potentiel de développement très important. Le groupe y construit actuellement plusieurs chantiers embléma- tiques comme le nouveau siège de BMW à Montigny-le- Bretonneux (ci-dessous), ou la transformation en bureaux d'une ancienne école de la CCI de Paris avenue de Trudaine (7000 m2 plus des logements sociaux). Le groupe vient de signer également les bureaux d'Hédiard place de la Made- leine mais aussi le consulat de Chine.

Temps long

Rabot-Dutilleul veut aussi densifier son maillage territorial. Car s'il est déjà national en promotion immobilière, il est centré sur le Nord, l'Est et l'Ile-de-France pour la construction. Mais la logique familiale de long terme joue à plein. « On a la patience de s'implanter sur les territoires, on est sur du temps long », explique François Dutilleul, citant les cas de Toulouse, où le groupe met 600 logements en chantier cette année, ou Bordeaux, où le groupe a posé ses valises il y a cinq ans. La même logique long termiste prévaut à l'étranger, qui représente déjà 25% de son activité. Depuis 2017, Rabot-Dutilleul a ouvert une première agence commerciale en Allemagne et démarré la production de chantiers à Berlin. De quoi générer déjà une vingtaine de millions d'euros d'activité. A horizon 5-10 ans, « l'Allemagne devrait représenter un vrai quatrième pays pour nous, après la Belgique et la Pologne, où nous serons reconnus, et où nous développerons tous les savoir-faire de la chaîne de valeur de Rabot-Dutilleul », prédit son dirigeant

Olivier Ducuing

 

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