Une offre commune de deux labos pour sauver Carelide

C'est à la toute dernière minute de l'échéance de l'appel à candidatures du tribunal de commerce de Lille Métropole que deux laboratoires français ont remis le 13 janvier une offre de reprise du fabricant de poches de perfusion Carelide.  

300 emplois repris sur 430, un plan d'investissement de 25 à 30 M€ : l'offre commune déposée in extremis le 13 janvier par les deux laboratoires français Delpharm et Aguettant pour la reprise de l'usine Carelide (Mouvaux) apparaît très solide. Il reste à garantir les débouchés commerciaux dans les marchés publics.

« L'offre est extrêmement sérieuse ». Pour Eric Feldmann, président du tribunal de commerce de Lille Métropole, la candidature déposée à la toute dernière minute de l'échéance pour la reprise de Carelide affiche de beaux atouts. Les autres marques d'intérêt n'ayant pas abouti et la seule offre initiale d'un homme d'affaires ayant été retirée, cette issue permet d'abord d'éviter la perspective de la liquidation judiciaire. Elle émane de deux acteurs très solides, le groupe pharmaceutique Delpharm (17 usines en Europe, un milliard d'euros de ventes, 6 400 salariés), associé au laboratoire lyonnais Aguettant (500 salariés, 160 M€ d'activité). Les deux groupes affichent des capitaux propres très confortables qui leur donnent la surface financière suffisante pour porter cette relance.

Leur offre porte sur la reprise de 300 salariés sur 430, assortie d'un plan d'investissement qui s'élèverait entre 25 et 30 M€ sur trois ans, avec un premier apport immédiat de 5 M€ de fonds de roulement. Avec l'ambition affichée de porter la production de l'usine de Mouvaux à 70 millions de poches de perfusion par an dans les trois ans. Le montage table sur un appui des pouvoirs publics de quelque 15 M€ sous forme de prêts. « L’Etat, qui est prêt à soutenir financièrement une offre de reprise, va poursuivre ses échanges avec Delpharm, pour l’aider à concrétiser son offre », commente le ministre de la santé François Braun. Le tribunal espère lui aussi obtenir une amélioration de l'offre sur le plan social. Une audience aura lieu le 25 janvier, avant une décision définitive attendue le 17 février.

Logique moins-disante

Xavier Bertrand, qui s'est fortement mobilisé dans ce dossier, affirme que d'autres investissements seront sans doute nécessaires pour assurer la compétitivité de l'entreprise, et que la Région sera prête à accompagner. La collectivité se mobilisera aussi pour la formation des salariés au vu des investissements annoncés, mais aussi pour ceux qui ne seront pas repris. « On ne laissera personne au bord de la route », lance le président de Région.

La relance de Carelide, qui avait été soutenue et valorisée par les pouvoirs publics pendant la crise Covid comme un exemple de souveraineté sanitaire, suppose aussi que l'entreprise puisse s'inscrire davantage dans les appels d'offres publics. La seule logique moins-disante a mis la société en difficulté face à des concurrents internationaux engagés dans une guerre des prix, alors que les hôpitaux français sont engagés dans une politique d'économies tous azimuts. « Tout ce qu'on a su faire pendant le Covid est déjà oublié », déplore Xavier Bertrand, qui estime par exemple que l'introduction de critères environnementaux et de bilan carbone permettrait de redonner des atouts à l'offre de Carelide.

 

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